Back from… La Route du Sud, Campement Nomade

En route pour le Sud !

Pour cette avant-dernière étape, il s’agit, plus que toute autre, de ne pas d’arriver en retard pour le tea-time et le baisser de rideau de cette journée encore riche en émotions. Après avoir avalé des kilomètres de routes ensorcelantes, c'est la piste tout d'abord puis l'étendue asséchée du lac d'Iriki qui attend les voitures du convoi. À la demande, les chauffeurs peuvent enfin s'en donner à coeur joie et s'élancer à la poursuite des uns et des autres. Il n'y pas alors plus de limite.

ce nouveau monde où l’infini s’invite à table

Une fois passé le poste frontière, qui contrôle minutieusement chaque entrée et sortie de ce désert sur lequel veillent encore quelques monstres de basalte, l'univers que nous connaissons s'efface petit à petit laissant derrière lui des nuages de poussière orange. Une fois arrivés en lisière de ce théâtre de sable, entre barkhanes et nebkas, il faut alors quitter les véhicules et passer à pied une première dune qui fait effet de rempart avec ce nouveau monde où l'infini s'invite à table. Bienvenue dans une nouvelle dimension ! Cligner des yeux s'impose si l'on veut apercevoir chaque contour de ces dunes offertes au soleil déclinant et discerner au creux de l'une d'entre elles un maître d'hôtel en faction. À  ses pieds, des coussins ont été disposés, une table ourlée de blanc chargée de pâtisseries et un thé chaud attendent comme par mirage que chacun prenne place au spectacle de ce monde désormais abandonné au silence. Après quelques gorgées ou bouchées avalées, chacun peut alors regagner sa tente où les malles ont déjà été déposées et les bougies allumées. Mais pour cela, quelques dunes supplémentaires restent à franchir. L'on brave non sans peine, mais avec une joie non feinte, sa première appréhension de marcher pieds nus une fois ceux-ci entrés en communion avec cette poudre d'or encore chaude. On dévale alors ces pentes qu'on pensait avoir laisser à l'enfance pour découvrir au détour de l'une d'entre elles la tente qui nous a été réservée.

Vivre le désert, c’est quand même se sentir perdu au milieu de nulle part, non pas dans la détresse mais dans l’allégresse de l’espace

Car, comme toujours avec les Maisons des Rêves, il ne saurait être question que les rêves des uns empiètent sur ceux des autres. Aucune dune de ce campement spécialement monté et dimensionné à la taille du groupe qu’il accueille ne sert deux fois le même propos et n'héberge plus d'un couple ou d'une famille à la fois. Quand d'autres alignent encore leurs tentes le long d’allées centrales niant ainsi l’idée même du désert, ici, chacun a droit à son un vallon de sable pour abriter sa nuit sous les étoiles. Vivre le désert, c’est quand même se sentir perdu au milieu de nulle part, non pas dans la détresse mais dans l’allégresse de l’espace, face au vide et à l’inhabité, entouré des seuls éléments. Que le regard se porte sur une nature vierge devrait être essentiel à la compréhension ! Ainsi, si le thé est servi sur l’un d'entre-eux, l’incontournable apéritif attend sur un autre de ces monticules déjà éclairés de lanternes par les maitres d'hôtels. À peine a-t-on le temps de découvrir ces tentes tout droit sorties de ces rêves d'Afrique coloniale que les récits des grands explorateurs ont gravés dans nos mémoires. Malgré leur apparente simplicité et leur lavabo de campagne, elles auraient sans doute paru encore trop sophistiquées à Charles de Foucauld, tout comme la surprise de ce diner autour du feu et au centre de ce bivouac unique qui prend place une fois ses adieux faits à l'astre orangé pour une fois dans son élément.

Dans cette heure bleue, qui ne dure pas vraiment le temps d’une heure, cette heure écourtée, incertaine, hésitante entre entre chien et loup, cette heure qui lâche la proie pour l’ombre mais s’accroche encore, vient la grande douceur d’un silence qui donne envie de croire que ces dernières lueurs nous relient à Dieu.

Dans cette heure bleue, qui ne dure pas vraiment le temps d’une heure, cette heure écourtée, incertaine, hésitante entre entre chien et loup, cette heure qui lâche la proie pour l’ombre mais s’accroche encore, vient la grande douceur d'un silence qui donne envie de croire que ces dernières lueurs nous relient à Dieu. Une fois délivré du jour, le soir peut ainsi advenir. Et quel soir ici ! Il prend une nouvelle fois des allures de fête. En sillonnant à travers dunes, au bout d'un enième chemin éphémère formé de luminions, on découvre encore une nouvelle table dressée autour d'un brasero et d’une tanjia cuite dans sa jarre de terre et à même le sable dans un cérémonial qui se veut aussi inoubliable que cette première nuit initiatique dans le désert. Si le feu tient en lui la vie dans ce qu’elle a d’irrésistible, sa flamme apporte, quant à elle, l’apaisement qui convient à la nuit et ouvre la voie vers les songes. Dans sa danse hypnotique, elle donne à l’imagination ce ralentissement nocturne et cette lenteur nécessaires. Le café servi un peu plus loin laisse tout un chacun interdit face à l’immensité et au spectacle de cette nuit d’encre seulement trouée d’étoiles scintillantes. Si le souvenir de la nuit sous la tente, à l'affut des infimes bruits du dehors, interroge et fascine encore, le réveil minuté à la pointe de l’aube, au moment où l’astre émerge par delà les dunes, finit d’emplir le cœur et de faire chavirer l’âme. Redécouvrir alors les dunes refroidies par la nuit, cette fois arpentées sans retenue d'un pied émancipé et l'esprit libéré, n'a pas de prix. Découvrir au hasard de sa marche la table immaculée  d'un petit déjeuner n'attendant plus que ses convives fait mouche comme il se doit. Voir apparaitre les silhouettes familières des maîtres d'hôtels en haut des dunes, les bras encombrés de plateaux couverts de délices donnent une fois de plus la mesure des petits miracles qui se jouent sur cette Route du Sud et dont quelques heures nous séparent encore de son terme : la Kasbah de Dar Ahlam.

Si le souvenir de la nuit sous la tente, à l’affut des infimes bruits du dehors, interroge et fascine encore, le réveil minuté à la pointe de l’aube, au moment où l’astre émerge par delà les dunes, finit d’emplir le cœur et de faire chavirer l’âme

Une fois les malles embarquées pour la dernière fois, c'est la tête pleine de souvenirs qui se bousculent encore et avec l’insouciance de ne pas savoir encore que, là-bas, les portes du Paradis attendent comme une délivrance de ce condensé d’émotions, que vont se vivre les derniers kilomètres. Ces cinq jours et quatre nuits où se sont succédés monts d’arganiers et collines d’euphorbes, façade atlantique et Anti-Atlas, oasis et ighrem de légendes, refuges de pierres, maisons de terre ou cabanes de toiles, canyons et mers de sables ne formeront bientôt plus qu’un seul et unique souvenir merveilleux. Plus que trois jours et deux nuits avant que la route ne se referme derrière soi comme une saison qui s’achève. Tempus fugit !  

Mots : Patrick Locqueneux

Images : Patrick Locqueneux | Olivier Chevalier

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À partir de 6.000€/personne (de 1 à 3 participants) ou 5.000€/personne (de 4 à 6 participants)

formule tout inclus : transferts aéroports de Marrakech ou Agadir, 4x4 avec chauffeur et butler sur la route, tous les repas et collations, boissons (sauf champagne), excursions, 2 massages/personne.

 
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