Back from… Coqui Coqui Papolchac Coba
Trésor pour conquistadors d’aujourd’hui !
Magique, unique, inattendue, spectaculaire, Coqui Coqui Papolchac Coba cumule les superlatifs. Pourtant, de toutes les maisons essaimées sur la route sillonnant entre le Yucatan et le Quintana Roo par le couple formé par les séduisants Francesca Bonato et Nicolas Maleville, il s’agit sans doute de la plus simple d’entre-elles, loin de l’opulence de façade ou de l’esprit baroque prévalant ailleurs.
Fortement inspirée par les ruines de premier ordre qu’elle jouxte, Coqui Coqui Papolchac Coba, vaut pourtant à elle seule le détour et le chemin de traverse qui conduit jusqu’à elle. Volontairement posée en bout de piste, sans autre indication, sa découverte ne peut alors engendrer que stupéfaction ou fascination et donner à celui devant lequel elle dévoile sa silhouette entre jungle et lagune, l’étrange et fier sentiment d’avoir renoué avec les mythes fondateurs du Mexique et de son exploration.
Au-delà d’être de formidables créateurs et d’infatigables conteurs, Francesca et Nicolas s’avèrent également de talentueux metteurs en scène de ce pays et de cette région qu’ils ont choisis pour patrie et dont aucun des aspects ne leur ait désormais inconnu. En explorateurs des temps modernes, ils en ont extrait le meilleur et de son identité féconde, en ont imaginé comme assemblé les créations les plus délicieuses pour former un univers et un art de vivre dont à défaut d’être dorénavant les seuls détenteurs, ils furent les premiers à concevoir. Après les parfums et les articles de toilettes, le miel et le chocolat, ils sont allés explorer d’autres territoires comme celui de la tannerie ou du tissage pour coloniser les murs de leurs boutiques in-situ. Si celle de Coba, peut-être avec celle de Valladolid, présente avec le plus d’acuité et d’élégance toute la palette de leurs talents, Coqui Coqui Papolchac Coba ne saurait pour autant résumer son intérêt à cette dernière.
La localisation reculée tout d’abord mais aussi l’architecture unique des lieux en font pour beaucoup le charme incontournable. Surgies de l’imagination du couple, tels des mirages, ses deux tours aux allures de pyramides reliées en leur centre par un pont de fortune que n’oserait emprunter Indiana Jones lui-même, et dont les suites supérieures se gagnent par des escaliers aussi raides que les palmiers auxquels ils font face, interrogent autant qu’elles subjuguent au premier regard.
Habiter ces constructions pyramidales donnant l’illusion de ruines tout juste excavées de la jungle se veut assurément une expérience à nulle autre pareille. Tout dans cette architecture de pierre brute noircie par l’humidité et laissée en l’état comme dans l’ordonnancement quasi-labyrinthique des espaces impose au regard de se rafraîchir comme au cerveau de s’adapter. Pour comprendre Coqui Coqui Papolchac Coba, il en faut faire l’expérience, y pénétrer avec l’envie d’en absorber l’intérieur comme l’extérieur, la culture comme le paysage ici si intimement mêlés pour ne faire qu’un, un tout qu’un jour et une nuit suffisent peut-être à circonscrire mais qu’une vie ne pourrait faire oublier.
Il faut en arpenter chaque recoin, à commencer par ceux de ces imposants salons extérieurs déployant leurs assises respectives aux avant-postes d’un paysage indolent, encadrés de rideaux ondulant sous la brise pour savourer la magie comme la rareté des lieux. Sur les rives de ce lagon où quelques barques attendent alanguies comme les crocodiles peuplant ses eaux étales, levers et couchers de soleil y alternent douceurs pastels et violences incendiaires bornant des nuits aussi belles que les jours, les crépitements et les plaintes de la jungle ne cessant de tenir en haleine. Rideaux et fenêtres ne peuvent ici se tirer sur le spectacle permanent d’une nature en éveil. Vue d’une des deux suites Palapa au sommet de ces pyramides ou de la bien nommée jungle villa dont la piscine aux eaux couleur lagon reflète le bleu du ciel, elle se veut omniprésente. Le soleil dardant entre les palmes des bananiers ou les grappes de poivriers imprime sur la pierre un kaléidoscope hypnotique que l’on contemple d’un des nombreux et somptueux hamacs érigés ici au rang d’œuvres d’art au point de former aux murs de divines arabesques et d’inédits trophées. Ornant ceux du restaurant qui offre ici une experience culinaire à part entière et presque mystique, bien au-delà du salon de thé des autres maisons, ils symbolisent à eux seuls ce style laid-back mâtiné d’esprit colonial à l’instar des clichés vintages, des cartes d’explorateurs, des mappemondes, albums illustrés et autres longues vues ponctuant les espaces à la palette volontairement neutre. Réhaussés ci et là d’une touche de terracotta, d’une pointe de safran ou d’une note de verdure leur seul luxe tient peut-être en leurs fenêtres ornées d’incroyables crocodiles trempés dans l’or en guise de crémones qui n’auraient certainement pas déplu à Maria Félix.
Heureusement, il n’est nul besoin aujourd’hui de s’improviser conquistador pour s’emparer d’un pareil trésor, Coqui Coqui Papolchac Coba garde les portes de son paradis grandes ouvertes aux explorateurs d’un jour….
Mots : Patrick Locqueneux
Images : Patrick Locqueneux | Olivier Chevalier
À partir de 230€/nuit • petit déjeuner • welcome box