Back from… Il Palazzo Experimental
Immancabile Venezia !
Après Henrietta qui témoignait déjà d’un goût certain pour les couleurs et les formes, après les Grands Boulevards qui consacraient un certain goût pour l’histoire et une première forme de transgression, après Menorca Experimental qui offrait une lecture aussi sensible que patrimoniale d’un habitat endémique, le 4ème projet hotelier signé Dorothée Meilichzon pour l’Expérimental Group, se devait de combiner tous les enseignements précédents et préfigurer plus encore ce talent aussi rare que singulier de pouvoir affirmer un style et une identité indéniables sans rien renier de l’environnement dans lequel ils s’insèrent tout en transfigurant ce dernier.
Avec Il Palazzo Experimental, l’architecte et designer a sans doute gagné ses premiers vrais galons et imposé aussi définitivement son nom que son univers. Quand beaucoup de ses confrères cherchent encore année après année à asseoir leur propre style au détriment voire au mépris de l’endroit où ils opèrent, ou ne savent pas où et quoi regarder pour trouver leur inspiration, Dorothée Meilichzon est aussi douée à combiner désir intérieur et réalité extérieure comme si le coeur et l’oeil trouvaient tout naturellement matière à s’entendre.
De l’ancien siège de la compagnie maritime Adriatica, elle a fait un hommage aussi vibrant que pertinent à la Sérénissime qui, s’il n’hébergeait un hôtel, devrait se visiter au même titre qu’un musée de la ville. A l’opposé des habituels palais vénitiens dont les fastes se mirent dans les eaux du Grand Canal, cumulant lustres en cascades, dorures ondoyantes et plafonds virevoltants, Il Palazzo Experimental joue la carte de la sobriété, lorgnant plutôt du côté de Carlo Scarpa que de Mariano Fortuny. Pour autant, il s’impose avec une douceur et une candeur inédites, ramenant en ses murs tous les codes de la lagune la plus célèbre au monde formidablement revisités à l’instar des fameux pôles d’amarrage des gondoles rouges et blancs.
Le rouge comme la rayure s’y invitent en effet très largement, des tentures aux coussins en passant par les murs ou les uniformes servant au propre comme au figuré d’idéal fil rouge à l’ensemble. Mais le vert des pins environnants, le bleu de la lagune sans cesse changeante, le rose et l’ocre des façades léchées par le soleil ont eux aussi trouvé leur place dans cet havre plaisant et heureux comme dans le jardin attenant, une rareté à Venise. On y aime les marinières bien sûr comme le marine des uniformes, les ancres dorées des heurtoirs ravivant le souvenir des riches heures de l’Adriatica ou rappelant les traditionnels gondoliers comme l’usage du velours à l’instar de leur “furlane”, on aime plus encore les inserts de métal rappelant les fers de proues de leurs embarcations comme les cintrages des magnifiques têtes de lits ouvragées ou des multiples niches évoquant leurs coques sans parler du terrazzo aux milles couleurs de l’eau et des barques s’y reflétant ou du linge de lit en lin immaculé forcément ourlé des fameux jours Venise.
Tout ce vocabulaire stylistique ne serait pas grand chose s’il n’exprimait tout ce qui se passe à l’intérieur comme à l’extérieur de ce Palazzo, avouons le, unique en ville et qui a pour lui d’offrir assurément, et ce depuis son ouverture, le meilleur rapport qualité-prix à la ronde. Grand ouvert sur les quais, le jardin ombragé ou l’étroite ruelle voisine, tout en lui exsude l’esprit de la lagune, ses couleurs, ses sons et parfums. Malgré et peut être aussi grâce à cette situation inédite préservée de l’agitation du centre tout en étant à 15min à pied à peine de San Marco, Il Palazzo Experimental se veut à lui seul une tranche de Venise, une Venise singulière et différente qu’il convient d’apprécier d’un des balcons des chambres et suites donnant sur le spectacle incessant et toujours changeant des fameux Zattere.
Porté par les talents conjugués d’un chef remarquable en la personne d’Attilio Franzoi, et de l’affable Christian Zingarelli, impeccable general manager, assistés d’Alvise à la conciergerie, de Guillaume à la salle ou d’Edoardo au bar, autre incontournable des lieux, ce palazzo d’un nouveau genre mérite qu’on s’y attarde. Les riverains ne s’y sont pas trompés, ils viennent à l’égal des résidents s’y régaler de cicchetti à l’ombre du jardin ou d’un aperitivo en terrasse au soleil couchant avec la régularité d’un métronome, saluant par là l’intégration réussie d’Il Palazzo Experimental dans le paysage vénitien. Immancabile !
Mots & images : Patrick Locqueneux
À partir de 180€/nuit
Surclassement selon disponibilité • early check-in & late check-out selon disponibilité • 1 cocktail par pers. • petit déjeuner • accueil personnalisé