Au sommet !

Et de 3 pour Iconic House ! En un an à peine, l’aventure initiée par Thibaut Elzière et Robin Michel continue son bonhomme de chemin sur un sentier que l’on pensait pourtant bien balisé jusqu’à leur arrivée inopinée dans le domaine de la location de vacances. C’était sans compter sur la fraîcheur de leur regard et leur pensée disruptive qui depuis ne cesse de faire mouche. Les deux frères ont ouvert une nouvelle voie dans cet univers convenu et ennuyeux où le luxe et l’intimité d’un espace à soi devait forcément osciller entre lieux aseptisés, clinquants et impersonnels ou refuges fourretouts encombrés de souvenirs inconnus d’un mauvais goût corollaire d’une richesse trop facilement acquise.

« Préférant l’inédit au superlatif, l’attitude mesurée et familiale de Courchevel 1550 aux sommets échevelés de Courchevel 1850, ce chalet, par sa singularité et son incroyable maîtrise de tous les codes de la montagne, tire son épingle d’un jeu que l’on croyait définitivement pipé. »

Avec leur Etoile des Baux puis leurs Bords du Lac et maintenant ce 1550, ils ont définitivement prouvé que l’usage et la fonctionnalité avaient aussi à voir avec l’élégance et la beauté, que le détail comme la personnalisation avaient leur importance, et au delà de çà que la générosité et l’intelligence d’un propos pouvaient renverser la table pour peu qu’on s'éloigne du cadre et qu’on s’autorise un pas de côté. Le 1550 ne fait pas exception à la règle. Il ne correspond pas vraiment aux clichés du genre et encore moins ici à Courchevel où sport d’hiver rime le plus souvent avec frime et après-ski. Préférant l’inédit au superlatif, l’attitude mesurée et familiale de Courchevel 1550 aux sommets échevelés de Courchevel 1850, ce chalet, par sa singularité et son incroyable maîtrise de tous les codes de la montagne, tire son épingle d’un jeu que l’on croyait définitivement pipé.

« Un univers fait de réminiscences d’un âge d’or où Charlotte Perriand, Marcel Breuer ou encore Henry Jacques Le Même égrenaient dans les Alpes leurs villégiatures inspirantes et de fulgurances créatives en phase avec l’époque »

On le doit, bien sûr, à la personnalité de ses fondateurs avant-gardistes et décomplexés mais encore et surtout à la somme des talents convoqués autour de ce projet parmi lesquels on retrouve à nouveau la talentueuse Josephine Fossey et son équipe toujours aussi habiles à revisiter les styles en vigueur et à conférer à l’ensemble la juste dose de chic dans une parfaite économie de moyens. De la structure traditionnelle précédemment conçue et remarquablement agrandie de manière assez avant-gardiste par les architectes d’Atelier Giffon dans le respect de l’environnement, elle a su tisser un univers fait de réminiscences d’un âge d’or où Charlotte Perriand, Marcel Breuer ou encore Henry Jacques Le Même égrenaient dans les Alpes leurs villégiatures inspirantes et de fulgurances créatives en phase avec l’époque. Ainsi les chutes d’une table de salle à manger monumentale en laque verte se retrouvent lazurées de bleu pour s’exposer en autant de petites dents que les montagnes environnantes dans les corniches d’un plafond grand ouvert comme les baies vitrées panoramiques de ce chalet aux vues spectaculaires. De même, de larges aplats de couleurs modernistes d’une idoine et identique palette entre azur, sapin et chêne s’exposent au plafonnier d’une cuisine comme toujours surdimensionnée où les produits locaux d’une épicerie locale s’exhibent sans fards tandis que s’invitent aux solives du salon monumental, de petits carrés aux couleurs de la Savoie en écho d’une peinture tendre et naïve signée Jean Julien.

« Comme dans toutes les maisons signées Iconic House, on retrouve au 1550 ce télescopage volontaire des genres et ce principe d’une convivialité portée à son paroxysme »

Comme dans toutes les maisons signées Iconic House, on retrouve au 1550 ce télescopage volontaire des genres et des époques, un chahut très sage qui dépasse le cadre de la salle de jeux du rez-de-chaussée qui, comme toujours, vient compléter une offre très ludique allant de la salle de sport dernier cri au salon cinéma en passant par le spa, la piscine intérieure ou le sauna extérieur avec vue xxl. Tout a beau être posé, choisi et étudié à l’instar de la monolithique et magnifique console de chêne signée Ateljé Loupchat à l’entrée, chaque centimètre carré de ce chalet appelle la vie et revendique la joie de se rassembler sous un même toit. Les deux foyers, extérieur et intérieur et aussi spectaculaires l’un que l’autre, participent de ce principe d’une convivialité portée ici à son paroxysme.

« Avec 1550, l’exception trouve ici un nouveau sommet à rebours des modes et du déjà-vu. »

À l’aune du bloc de granit du Mont Blanc de près de 7 tonnes servant d’épicentre à cette demeure unique en son genre, l’exiguïté des chambres, à l’exception de la master et de la suite familiale, se fait alors toute relative. Si chacune des 8 chambres s’encombre encore de télévision, l’idée n’est pas d’y disposer du confort aussi solitaire que superlatif d'une suite d’hôtel mais d’en sortir pour partager avec les siens des moments de vie inoubliables orchestrés par Alison, qui veille ici en parfaite maitresse de maison au bon ordonnancement des choses, qu’il s’agisse d’organiser avec le chauffeur les transferts vers les pistes toutes proches, de préparer la chenillette à disposition dans le garage pour une équipée sauvage, d’organiser les réservations de restaurants sur les pistes, de préparer les feux de cheminées ou de scénographier l’apéritif autour du brasero. A l’instar de la sculpture d’acier magistrale de Jean-Baptiste Rozand ou des ruches industrieuses accrochées en façade de ce 1550, l’exception trouve ici un nouveau sommet à rebours des modes et du déjà-vu.

Mots & images : Patrick Locqueneux