Back from… White Ark
Entre rigueur et liberté !
S’il n’y avait pas un cordon pour décourager les plus téméraires, son toit sur lequel brille son nom en toutes lettres serait sans doute l’un des spots les plus courus de l’île volcanique la plus célèbre au monde. Il faut dire qu’à Fira, capitale et terminus de la station de funiculaire toute proche, la foule en provenance des bateaux de croisière en mouillage pour la journée en contrebas, se presse en toutes saisons pour ne rien perdre de ce point de vue unique sur la caldeira.
Entre l’église de St Stylianos et celle de St Jean-Baptiste, dans cette accumulation de dômes et clochers en harmonie de céruse, d’ocre et d’outremer, le spectacle de l’astre solaire poursuivant sa course au-dessus des flots étales fait salle comble. Qui se douterait qu’à quelques mètres plus bas à l’abri d’une succession de velums et de murs chaulés, d’autres plus heureux encore, entre le brouhaha du dessus contrastant avec le silence d’or lui faisant écho, se régalent du même panorama dans l’intimité de leurs villas-suites. À White Ark, puisque c’est de lui dont il s’agit, elles sont au nombre de trois. Différentes les unes des autres mais toutes avec terrasses et piscines privatives, elles donnent indiscutablement aux compétiteurs alentours de quoi réfléchir et à leurs occupants le sourire de celui ayant fait le bon choix, à la condition de bien vouloir se dispenser de toute forme de service y compris du petit déjeuner à revoir pour l’heure.
Qu’importe, nous n’étions la saison passée qu’aux balbutiements de l’aventure White Ark et Mare, Noah et Kivotos possédaient déjà de sérieux atouts au-delà de leurs vues à couper le souffle. Réalisées par Kapsimalis Architects et respectivement dotées de 32, 67 et 127m2 d’espace à vivre pour 2, 3 ou 4 invités, ces petites thébaïdes aussi minimalistes que spectaculaires n’ont rien à envier aux plus belles chambres d’hôtels perchés ici et là sur la falaise car elles ont pour luxe l’espace et l’exclusivité dont peu d’autres peuvent s’enorgueillir. Évidemment des trois, Kivotos s’impose, avec son hammam privé et sa piscine aux allures de grotte, comme la suite à réserver que l’on soit en famille entre amis ou tout simplement et surtout en couple. Certaines beautés ne se fanent ou ne lassent pas. Santorin ne saurait y échapper. On ne le répétera jamais assez, malgré le nombre croissant de ses visiteurs, l’île reste un rêve à l’état pur, un de ces lieux vers lequel on se plait à revenir dans l’espoir de toucher chaque fois l’infini d’un peu plus près.
Le reste est une page aussi blanche que les murs de ce White Ark, qu’il appartiendra à chacun d’écrire. Car ici nulle infrastructure ou expérience supplémentaire n’est donnée en dehors de la contemplation sereine de cette vue plongeante sur l’azur immobile que le sillage des bateaux peine à troubler. Participant de cette même idée, l’extérieur comme l’intérieur de ces « home away from home » s’exemptent de toute fioriture, préférant jouer la simplicité et la pureté des lignes de chevets taillés dans la pierre surmontés de lampes Jacobsen, de canapés aux ton sourds assortis aux banquettes extérieures et tout aussi monolithiques que ces tables en travertin ou en lattes de bois lazuré entourées d’iconiques CH 24 signées Carl Hansen ou de simples chaises en fil, d’incontournables Fat Boy où se laisser aller à la paresse, de transats posés à même le sol ou d’immaculées cuisines passées sous tentures dont chacun pourra savourer l'existence le soir venu quand il faudra dresser la table sur un tel promontoire.
Si dans pareil décor l’œil se met volontairement au repos, c’est qu’il a fort à faire au dehors tout occupé à embrasser du regard chaque inflexion de la mer, cet espace "plein de rigueur et de liberté" que célébrait Hugo, deux maîtres mots qui n'ont jamais si bien résonné que sous les arches blanches de ce White Ark.
Mots : Patrick Locqueneux
Images : Patrick Locqueneux | Olivier Chevalier
À partir de 325€/nuit