Back from… Aguamadera

Less is more !

Aguamadera Ibiza fut sans aucun doute et à son corps défendant l’une des sensations de l’été dernier. Bien que très confidentielle et presque introuvable dans les collines d’Ibiza, cette nouvelle adresse n’en est pas moins salutaire sur le fond comme sur la forme. Portée sur les fonds baptismaux par Pablo Fernandez Valdes, ancien dirigeant de la très regrettée La Granja, et Carlota Sardà Caralps à la direction artistique, Aguamedera qui a pour désormais unique propriétaire Iria Urgell, fille de l'incontournable fondateur du Pacha, Aguamadera n’a rien à voir acec l’Ibiza frénétique, celle des clichés collés à la hâte, celle que l’on décrie à tort ou à raison.

« Aguamadera Ibiza fut sans aucun doute et à son corps défendant l’une des sensations de l’été dernier.  »

Aguamadera c’est Ibiza dans ce que l’ile a encore de plus vrai et d’authentique, un retour aux sources pour celle dont on pense avoir fait le tour cent fois mais qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Comme toutes les destinations à la mode, l’ile blanche souffre de ses excès saisonniers et comme toutes celles-ci offrent deux facettes ou plus exactement deux faces. Pour emprunter à la musique qui en fait la gloire, une face A et une face B, la première évidente et plus tapageuse, la seconde plus confidentielle et pas moins méritante. Là encore, comme pour ses consoeurs, cette dichotomie va de pair avec un schisme géographique qui veut le sud comme le siège de l’artifice et de toutes les dérives laissant au nord le monopole de l’authenticité et du calme. Aguamadera appartient bien évidemment à cette deuxième catégorie et à ce refuge d’esprits libres et créatifs de tous poils avides de soleil et de joies simples.

« Aguamadera c’est Ibiza dans ce que l’ile a encore de plus vrai et d’authentique, un retour aux sources »

Hommage à l’ibiza autrefois, Aguamadera ne pouvait élire domicile autrement qu’au coeur d’une finca traditionnelle. Datée de la fin du 19eme siècle, celle-ci à gardé ses cheminées ouvertes, ses murs blanchis à la chaux, ses solives en pin et bois d’olivier. Si l’on y retrouve toute les tendances du moment piochées en nombre chez Zara Home, le mobilier en rotin, les objets chinés, les poteries ou la vaisselle signées Sarah Jerath, les couvre lits en lin aux couleurs du paysage, les chevets en granit brisé rendent à hommage à cet Ibiza pétri de traditions et fière de son héritage vernaculaire. Sous cette austérité de bon aloi, le luxe ne fait pas défaut pour autant dans les 12 chambres et suites de cet Agroturismo avec ciels de pluie, sols chauffants et mini bars parfaitement achalandés. Avec six d’entre-elles réparties sur les deux niveaux de la maison principale - pas toujours très bien insonorisée -et les autres dans les anciennes écuries, Aguamadera joue jusqu’au bout la carte de l’intimité. Tous dotés de balcons avec vue sur la plaine ou de jolies terrasses plus ou moins abritées des regards, ces havres de paix et de douceur ont vraiment de quoi ravir même si certaines d’entre eux manquent parfois de lumière. Qu’importe, car ici rien n’a été forcé. L’on s’est contenté de faire revivre l’existant de la plus belle et respectueuse des manières. Nous parlons bien ici de cette hôtellerie qu’on aimerait voir pour norme demain, de celle que l’on désire ardemment qui a à voir avec les concepts vertueux du vernaculaire, de l’hospitalité et de l’éco conscience.

« Nous parlons bien ici de cette hôtellerie qu’on aimerait voir pour norme demain, de celle que l’on désire ardemment qui a à voir avec les concepts vertueux du vernaculaire, de l’hospitalité et de l’éco conscience. »

Avec ses 11 hectares de vignes, d’oliviers, de fleurs, fruits et légumes cultivés en permaculture, son absence de hiérarchie, de réception, de conciergerie ou d’uniforme Aguamadera s’affranchît de tout ce qui encombre ou embarrasse, laissant la place à l’essentiel. Les choses comme les gens y circulent librement, décontractés et avenants, en parfaite symbiose avec l’esprit d’Ibiza. Pour les amoureux de la nature, Aguamadera s’impose autant comme un lieu de ressourcement que de conversation l’idée état de générer aussi une communauté autour de l'hôtel à l’instar de ce qui a été fait pour Six Senses Ibiza, ayant lui aussi vocation à être ouvert toute l’année. Si pendant la journée, seules les cigales et le crépitement des cuisines à bois sont à même de briser le silence, lorsque le soleil se couche, la musique live et les bavardages sur les terrasses prennent le relais, l'hôtel ouvrant ses portes aux non-invités sur réservation. Le coucher du soleil étant ici comme partout ailleurs sur l’ile un moment spécial de célébration, pléthore de coussins et d’assises avant d’ailleurs été assemblés à cette fin à l’ombre d’un saule tentaculaire.

« Aguamadera s’affranchît de tout ce qui encombre ou embarrasse, laissant la place à l’essentiel. »

Participant de cette même idée, des cours de yoga sont dispensés trois fois par semaine, des visites de thérapeutes pratiquant exercices de mobilités, thérapies sonores, méditations, rituels en pleine conscience et autres cérémonies sont organisées comme toutes sortes d’évènements centrés sur le bien être ou les arts à destination des clients comme de la communauté locale avec l’espoir de leur faire découvrir aussi la magie d'Ibiza hors saison. Ainsi les expositions s’y succèdent et ponctuent sur la pointe des pieds l’extreme retenue des lieux où bouquets séchés et céramiques s’amusent avec la lumière filtrant de toute part, dans une atmosphère heureuse et paisible.

« Aguamadera régale tous les sens avec modestie, spontanéité et générosité loin des excès sévissant ailleurs, »

Mais le vrai plus, l’identité singulière d’Aguamadera repose peut-être plus que tout dans son approche culinaire singulière. Fournie en produits locaux et de saison exclusivement dont des fleurs principalement cueillis dans le potager, la cuisine y est sans concession. Chaque cuisson ne se fait qu’au charbon de bois. Du petit déjeuner au dîner les mets rivalisent de simplicité et de saveur. Gonzalo Cerrato Laguna y fait des étincelles. Aguamadera régale tous les sens avec modestie, spontanéité et générosité loin des excès sévissant ailleurs, privilégiant cette idée du « Less is More », mouvement qui trouve avec elle une bien belle expression.

Mots : Patrick Locqueneux

Images : Olivier Chevalier & Patrick Locqueneux

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À partir de 280€/nuit

Accueil personnalisé

 
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