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Quand Amandari rime avec Bali !

Bali. Quatre lettres seulement pour deux syllabes et tout un symbole. Mythologie immense, autrefois protégée et méconnue, réservée aux aventuriers d’une Océanie voisine, désormais ouverte à la globalité du monde et livrée aux affres du tourisme, la perle des iles de la Sonde continue pourtant à faire rêver les novices tout en ensorcelant les convertis à son art de vivre légendaire.


Que n’aurions-nous pas été tentés d’en interdire l’accès et de mettre sous cloche son unicité. Son équilibre ne nous a jamais paru si fragile. Bien que meurtrie dans sa chair par les attentats, tancée par des éléments déchainés, Bali tient pourtant toujours la corde, vibrante, essentielle, immanquable. Combien de destinations dans le monde peuvent se targuer de pouvoir offrir pareil kaléidoscope ? Nature généreuse et exubérante, architecture culte symbole de cet Asian style tant copié de par le monde, service aussi légendaire qu’exemplaire distillé avec le sourire le plus large et le plus franc, culture plurielle aux facettes multicolores et à la spiritualité exacerbée, Bali n’est pas avare de trésors et encore moins de politesse ici non feinte et bien réelle.

« Bali n’est pas avare de trésors et encore moins de politesse »

Certes des balancelles ont été installées au détour des rizières aménagées en terrasses sur des ravines abruptes pour satisfaire les clichés des instagrammeurs qui ont trouvé ici une seconde patrie à la photogénie inégalée, mais leur vert franc et acide n’a rien perdu de sa superbe. Leur culture reste un acte sacré, hommage valeureux rendu à Sri, la déesse du riz. Dans le ciel toujours aussi clément, les cerfs-volants claquent encore au vent, en contrebas le flot tumultueux de la rivière sacrée ne s’est pas tu. Seuls des chapelets de touristes en mal de sensations y descendant eux aussi en procession croisent désormais les femmes venues y déposer au petit matin leurs offrandes rituelles auxquelles elles ont consacré un temps infini, mêlant fleurs, feuilles et fruits au creux de paniers de roseaux tressés mains dans lesquels brulent de délicats bâtons d’encens envoyant prières et remerciements à des dieux aussi gourmands qu’esthètes. C’est à eux que continue d’appartenir cette ile baptisée non sans raison l’île des Dieux à eux que se dédie la beauté de ce geste comme sa savante chorégraphie se répétant avec une ferveur inaltérée depuis des siècles. Seule région d’Indonésie à ne pas avoir cédé au monothéisme et à avoir gardé les esprits des ancêtres comme voix de la sagesse, Bali ne s’égare pas, réservant à quelques animistes, pré-hindouistes ou adeptes de l’Agama Tirta ayant l’eau pour religion une place tout aussi légitime.

« Bali ne s’égare pas (...) Si la prière rythme son quotidien, l’exercice des arts en anime tout autant chacun de ses instants »

Si la prière rythme son quotidien, l’exercice des arts en anime tout autant chacun de ses instants. "legong", "gamelan" et "barong" emplissent et parent l’île de milles sons et couleurs dans une fête quasi permanente que la mort elle-même ne saurait résoudre puisque cette fin tant redoutée par chez nous se veut ici prétexte à de nouvelles réjouissances consacrées par le feu. Certes les catafalques se font plus rares et les processions plus hasardeuses dans le flot d’une circulation toujours plus dense mais de village en village, sur les bas-côtés de la route on continue d’admirer les créations offertes au regard par des artisans et artistes dont la réputation et la maitrise ne sont plus à faire. Chaque bourg a gardé sa spécialité, de la taille de la pierre à la peinture en passant par l’orfèvrerie ou le travail du bois. Tous les talents semblent s’être donnés rendez-vous sur cette île décidément bénie des Dieux. À Ubud, considéré comme son épicentre culturel, les choses ont pourtant considérablement changé. Certes, il n’y pas ici d’autoroute comme celle inaugurée récemment à la sortie de cet aéroport toujours plus vaste et probablement bientôt délocalisé au Nord de l’île (opportunité catastrophique pour cette région jusqu’au aujourd’hui laissée pour compte mais totalement préservée) et sillonnant à travers la mer, mais les chemins du village qu’on n'hésitait pas à emprunter autrefois à pied s’avèrent désormais bien impraticables.

« Peu de resorts ont ce lien d’intimité et de compréhension unissant depuis 30 ans maintenant Bali et Amandari et plus généralement Aman et l’Indonésie »

Dans ses contreforts à l’exubérante végétation, de nouveaux resorts ont ouvert leurs portes et parfois imposé leur silhouette à la manière forte. Tous ne sont pas forcément impies et indécents, hors propos ou hors de proportions mais peu ont ce lien d’intimité et de compréhension unissant depuis 30 ans maintenant Bali et Amandari et plus généralement Aman et l’Indonésie. Pour la plus belle marque au monde comme pour des milliers d’entre nous et moi le premier, l’aventure a véritablement commencé ici, bien plus qu’à Phuket (siège d’Amanpuri, le premier ouvert) avec ce resort aux allures de village à la taille aussi modeste qu’exemplaire. Au même titre que l’hindouisme balinais, une autre religion certes bien plus superficielle et pourtant pas moins essentielle, y a gagné mon cœur. À la source de ce lieu des « esprits paisibles » - Amandari en Sanskrit - je me suis abreuvé d’une philosophie qui n’avait alors rien de commun. Là, j’ai compris qu’un hôtel pouvait être aussi une destination et faire corps avec celle-ci au point d’en être aujourd’hui une sorte de conservatoire à ciel ouvert. Sur ce promontoire rocheux surplombant la jungle, dans ce dédale cheminant entre murs de roche volcanique et reliant entre-elles la trentaine de villas traditionnelles de bois et toits de chaume diffusant cet odeur d’alang-alang humide auquel se mêle l’entêtant parfum de tubéreuses par brassées, je suis tombé amoureux, follement, passionnément de cette île comme de idée que l’hôtel avait un rôle à jouer dans son environnement et plus que cela un devoir.

« À Amandari, je suis tombé amoureux (...) de cette île comme de idée que l’hôtel avait un rôle à jouer dans son environnement et plus que cela un devoir. »

Trente ans plus tard, Amandari n’a pas démérité et sa beauté s’est à peine fanée. Jann Hess son général manager qui a veillé sur lui jusqu’il y a peu encore, avant de s’envoler pour Amanjiwo, en fut l’un des gardiens exemplaires. Le suisse qui avait pris les coutumes de l’ile pour siennes, s’habillant à la mode locale respectant et participant aux rites du calendrier lunaire a beaucoup œuvré pour préserver l’esprit authentique et familial d’une maison qui compte encore nombre de ses premiers employés dans ses rangs. En cette année du trentenaire, bien évidemment les cours de peinture et de cuisine, les danses traditionnelles des écoles voisines, les treks au lever de la lune ou les bénédictions diverses n’ont de cesse d’enluminer un quotidien déjà rythmé par mille instants à la fragile beauté émergeant au détour des allées ou entre deux frangipaniers en fleurs. Dans ce village miniature, les membres de la famille promènent leurs silhouettes colorées à l’instar des papillons ou des libellules à la recherche d’une offrande ou d’un service à rendre. Vêtus de la traditionnelle et arachnéenne 'kebaya' pour les femmes et d’un sarong pour les hommes, protégés d’une ombrelle ou lestés d’un panier de fleurs, ils ne font pas qu’imprimer la pellicule durablement ils marquent tout autant les cœurs comme les esprits par leur simple présence auréolée de ce sourire à nul autre pareil. La chorégraphie de leurs gestes, des plus complexes aux plus simples, l’infinie précaution qu’ils mettent dans la préparation de chaque chose, l’extrême dévouement dont ils font preuve pour récréer ici une sorte de paradis terrestre les rendent encore plus attachants.

« Les années passent mais rien ne semble vouloir changer dans cet exercice de la bonté comme dans la contemplation de ce paysage »

Les années passent mais rien ne semble vouloir changer dans cet exercice de la bonté comme dans la contemplation de ce paysage en parfaite osmose avec l’architecture lui faisant face. L’icône absolue des lieux reste bien évidemment, de la première à la dernière heure du jour, cette piscine de carreaux oscillant entre turquoise et émeraude et à la forme rappelant celle des rizières en terrasse. Les parasols céladon qui la bordent n’ont rien perdu de leur joliesse pas plus que le "balé" qui la complète son élégance. Garni de douceurs à l’heure du thé ou bercé par le son des musiciens à l’heure du coucher, ce pavillon de pierre grise se fait toujours, à l’instar des opulents matelas installés à même l’herbe sur des rabanes, l‘observatoire privilégié de la nature.

« La vie à Amandari ressemble à une bénédiction que rien ne semble vouloir troubler. »

À l’exception des Village Suites, toutes les autres résidences ont cette orientation sur la vallée sacrée que d’immenses baies vitrées et coulissantes ne peuvent soustraire au regard. Qu’elles s’étagent en duplex ou se posent de plain-pied, elles offrent un même confort dépouillé de toute technologie trop vue ailleurs et le luxe d’un espace oscillant entre 200 et 1.500 mètres carrés selon les cas. Marcher pieds nus sur le sol de marbre frais, caresser le teck ou le bois de coco harmonieusement poli par le temps, sentir le rotin des fauteuils craquer sous son poids, écouter les pales des ventilateurs fendre l’air et battre la mesure du temps, respirer au rythme de la brise secouant les banyans au loin suffisent à mettre en joie et faire de journées couronnées par un bain pris en extérieur, au milieu des fougères, une bénédiction que rien ne semble vouloir troubler.

« Amandari semble être né pour dire au monde que Bali, n’en déplaise, restera à jamais balinaise. »

La recette du bonheur à Amandari se veut aussi simple que celle de son unique restaurant ouvert aux quatre vents et à quelques influences aussi healthy qu’occidentales twistant habilement le continent à côte des incontournables « saté » et autres « goreng » exécutés à la perfection. Face à lui, la boutique qui continue de proposer le meilleur de l’artisanat local plus d’un demi-siècle après son ouverture nous rappelle là-encore s’il en était besoin que les vapeurs d’encens émergeant de la canopée ne sont pas prêtes de disparaitre. Amandari semble être né pour dire au monde que Bali, n’en déplaise, restera à jamais balinaise.

Mots & images : Patrick Locqueneux

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À partir d'env. 800€/nuit

Surclassement selon disponibilité • early check-in & late check-out selon disponibilité • petit déjeuner • accueil personnalisé

 
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