Back from… Como Parrot Cay
D’un paradis à l’autre !
Voilà maintenant plus de trente ans que cela dure ! Trente ans que les « socialites » de tout poil, les stars d’Hollywood comme les magnats de la finance de la côte Est s’y pressent. Il faut dire que sur ce confetti blanc de 400 hectares tout de même, négligemment posé sur le turquoise de l’océan atlantique et de la mer des Caraïbes, à moins de 1000 kilomètres de Miami, les mois comme les saisons se ressemblent sous un ciel invariablement bleu et un soleil d’or. Pas étonnant donc que Bruce Willis, Keith Richards, Christie Brinkley ou Donna Karan, en décidant d’y construire leur résidence secondaire, aient fini par faire de l’ile rachetée par la famille Ong en 1998, un peu la leur.
Quiconque séjourne sur l’ile éponyme et son unique resort, Como Parrot Cay, peut ainsi s’offrir, si le cœur et surtout le portefeuille lui en dit, une de ces très exclusives « private retreats » en complétant très avantageusement l’inventaire. Si bien évidemment la divine et impressionnante « Sanctuary » désigné par la célèbre styliste new-yorkaise, l’impeccable et moderniste Point House ou la très exotique Love Pumpkin constituent de fantastiques et superlatifs points de chute sur l’île, le resort en tant que tel avec sa soixantaine de suites et villas plus modestes n’est pas en reste. Aujourd’hui cornaqué par Tappa Tible, ancien GM d’Aman dont l’Amanruya (sur lequel on reviendra bientôt) pourrait presque se deviner à distance sur l’île centrale de Providenciales, Como Parrot Cay s’apprête à finaliser sa mue. Exceptionnellement fermé à cet effet du 1er septembre au 1er octobre prochain, il devrait ainsi renaitre sous un meilleur jour encore et gommer les quelques aspérités qui en font un lieu curieusement aussi hétéroclite que l’idée que chacun peut se faire d’un séjour en bord de mer. Difficile, en effet, de donner à ce dernier une réelle identité ou une structure bien définie en dehors de l’image même du bonheur. Pas si mal me direz-vous ! Une fois le tarif quelque peu démesuré mis de côté, Como Parrot Cay apparaît plus clairement comme une sorte de paradis, tantôt miaméen, tantôt balinais ou africain selon le point de vue.
Cela tient déjà à sa nature, ici follement généreuse, à ses carrés de pelouses manucurés comme à ses bouts de jungle aussi verdoyants que foisonnants, odieusement réhaussés du turquoise de l’océan ou du rouge de flamboyants qui n’ont jamais aussi bien portés leur nom, contrastant avec le blanc pur d’un sable passé au peigne fin. Cette indécente palette foncièrement caribéenne vaudrait déjà à elle seule tous les détours. Mais il y a ici, évidemment, bien plus qu’une simple carte postale en Technicolor à contempler béatement. Au-delà d’une inévitable et réjouissante indolence sous cette latitude, ce qui frappe le plus à Como Parrot Cay est peut-être cette facilité avec laquelle on vient à lâcher prise. Cela tient sans doute aussi à la présence d’un majordome pour les heureux occupants des villas à même posées sur le sable. Dans le cas présent, Restu, balinais comme la majeure partie du personnel ici, s’occupe de l’ordonnancement des journées. De la préparation du petit déjeuner dans la cuisine attenante à son installation sous la varangue, de la réservation des créneaux au spa ou des tables aux restaurants où il officie alors comme seul serveur, en passant bien évidemment par la conduite exemplaire d’un lieu à l’autre en tant que chauffeur attitré, il devient un compagnon aussi précieux que délicieux que l’on quitte doublement à regret le jour du départ venu.
Avec pareille assistance, la notion de vacance(s) prend évidemment tout son sens. La totale absence de tâches ou de contraintes imposées à soi-même donne alors un sentiment de liberté en parfaite harmonie avec la dune laiteuse s’étirant résolument vers l’eau translucide. La vie à Como Parrot Cay a cette fluidité propre aux grandes maisons et en même temps cette limpidité faite de joies simples et de couleurs claires. Si le teck aux reflets de miel faisant un lointain écho au Como Shambala Estate d’Ubud ponctue les lieux, l’harmonie générale se veut résolument neutre, des murs lattés de bois blanc aux housses de coton immaculées. Les vélos à disposition y ont cette même fraicheur, que les ventilateurs, typiques de la vie aux Caraïbes se chargent d’apporter à longueur de journée au point de rendre la climatisation fort heureusement dispensable pour ceux souhaitant sans passer. Ce n’est un secret pour personne, Como a toujours eu une préoccupation écologique plus forte que nombre de ses voisins. On ne trouvera pas plus sur les chevets de bouquets de fleurs importées que de bouteilles en plastique. De l’eau filtrée et embouteillée sur place comme un arrangement de palmes ou d’autres branchages suffisent ici à régaler les sens et alléger les consciences. Le spa Como Shambala dont la réputation n’est plus à faire s’inscrit bien évidemment dans cette même philosophie distillant son approche holistique et pan-asiatique au détour de neuf salles de soins et de pavillons très privés disséminés dans la jungle luxuriante de cette partie de l’ile. Complété par une piscine à débordement sur la mangrove, un jacuzzi taillé dans la roche et des installations non mixtes, le spa s’impose alors comme une destination à part entière et un pont de rendez-vous quasi quotidien pour les afficionados de retraites bien-être. Les mêmes ont avec les deux explicites tables du resort ouvertes en alternance, Lotus et Terrace, la possibilité d’opter aussi pour une cuisine healthy qui s’avère pleine de justesse pour réconcilier le corps et l’esprit.
Même si le bar de plage, s’étendant très largement sur le sable, prend des allures de lounge, il n’en reste pas moins réservé aux contemplatifs qui du matin au soir n’ont de cesse d’observer la course du soleil sur la courbe des flots. Les mateurs d’autres courbes comme les amateurs de sensations fortes en seront pour leur frais. Ce n’est pas le genre de la maison, pas plus que les sports motorisés ici bannis et très avantageusement remplacés par le paddle, la voile, le kayaking ou le snorkelling entre autres activités offertes. Calmes, l’ile et l’océan ont accordés leurs chants. Rien ne semble vouloir perturber le jeu de la lumière dans les moustiquaires, le balancement des hamacs, la nonchalante course des lézards, les facéties des coccinelles écarlates ou l’envol des papillons entre les herbes folles bercées par le vent. Avec ses dunes, la plage se vit comme un rêve atlantique, pur et sauvage, protégé des remous par une barrière de corail. S’il n’y avait la couleur irréelle et la température presque excessive de l’eau, la présence de plantations de bananiers et de cocotiers ou de pélicans en goguette, l’on pourrait aisément se croire dans les Hamptons. Voilà peut-être pourquoi, l’ancienne Pirate Cay ne cesse d’attirer dans ses filets enchanteurs une certaine élite de l’Amérique. D’un paradis à l’autre !
Mots : Patrick Locqueneux
Images : Patrick Locqueneux | Olivier Chevalier
À partir d'env. 910€TTC/nuit
surclassement selon disponibilité • early check-in & late check out selon disponibilité • petit déjeuner • de 100 à 200$ resort credit • accueil personnalisé