Back from… Amankora Paro
Le Bhoutan selon Aman !
De par sa proximité avec l’aéroport, Amankora Paro marque généralement la fin du voyage. C’est donc là, que se font les au revoirs et que se serrent parfois les cœurs bien qu’il ne saurait être question d’adieu tant ce pays marque le souvenir d’une pierre blanche.
Que l’on y reste 3, 4, 7 jours ou plus - Aman en prévoit jusqu’à 12 pour explorer de manière optimum les cinq vallées du royaume – les mêmes effets se font pourtant sentir pour tous, aussi bien pour les bien-portants que les convalescents. Pas besoin d’être en recherche de spiritualité ou d’évasion pour appréhender le manque que laisse ce pays et a fortiori Amankora Bhoutan derrière soi. L’on ne sait si l’on repassera cette porte aux accents japonisants de sitôt, mais l’on pressent déjà qu’elle sera à nouveau franchie un jour prochain car il ne peut y avoir qu'une suite aux plus belles histoires. Amankora Bhoutan s’écrit à l’encre de celles-ci, indélébile
Pourtant, le lodge de Paro n’est peut-être pas le plus spectaculaire des cinq sous pavillon Aman et des trois qu’il m’a été donné de voir. Bien que lui aussi désigné par le génial Kerry Hill, il n’a ni la remarquable austérité de Thimphu ni l’incomparable charme de Punakha. Amankora Paro a pour lui une forme de complétude ou de syncrétisme, usant abondamment de ce bois d'ambre, de ces murs chaulés de blancs, et de ces accords sylvestres vus précédemment. Doté d’un spa digne de ce nom, d’un immense salon-librairie dédié à l’exploration de la culture locale, d’un restaurant comme d’une salle à manger privée, ce lodge de 24 suites - le plus grand de tous - surprend moins. N’allez pourtant pas croire que l’on viendrait à y croiser plus de résidents qu'ailleurs, il n’en est rien et tant mieux. Voyager avec Aman, faut-il le rappeler, équivaut à faire le choix de disposer des lieux pour soi ou presque et de goûter à ces privilèges, trop rares de nos jours, que sont l’espace et le calme. De là à imaginer que se cacherait ici une quelconque déception serait pour le moins erroné. Amankora paraît juste plus convenu dans son ordonnancement bien que la spectaculaire forêt de résineux qui l’encadre et l’abrite des regards lui confère une dimension éminemment symboliste digne d’un Degouves de Nuncques. Avec ses silhouettes de basalte, son tapis d’épines orangé et de mousses fragiles traversé de rus au cours joliment domptés, l’écrin d’Amankora Paro a de sérieux atouts.
D’ici quelques mois, les rizières en contrebas accueilleront, comme à Punakha, une piscine en débord de la vallée, là où glissent avec la même indolence qu’ailleurs ces brumes matinales que l’on préférait descendues du ciel que crapotant des cheminées des fermes alentour mais qui s'en douterait ? Pour l’heure, la vue principale a été savamment orientée vers l’un des sommets enneigés de l’Himalaya, le second plus élevé du pays, détachant sa dent blanche sous l’effet des derniers rais du soleil, pile dans l’alignement d’un "dzong" dominant la colline. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’une table soit installée à l’écart du jardin en surplomb des méandres de la rivière pour admirer d’encore plus près et dans un plaisir solitaire ce qui tient de la parfaite carte postale. Comme pour les autres lodges, Amankora Paro ouvre ses espaces extérieurs dès que les premiers rayons dardent en terrasse même si équipée d’un brasero, celle-ci peut se pratiquer à toute heure, lové ou non sous un de ces divins plaids que l’on retrouve d’une maison à l’autre. Amankora Paro ne partage pas que cela avec Thimphu, Punakha, Gangtey et Bhumtang.
Une même qualité de service, d’autant plus exceptionnel étant donné les circonstances, sert de trame à ces cinq lodges éparpillés au pays du bonheur. Placés ici sous la bienveillance de l’affable Tshewang, les membres de cette famille ont tout particulièrement à cœur de ne pas faire mentir la légende. Jamais pays n’aura aussi bien porté son nom que le Bhoutan. Quel que soit le lieu, à la table exemplaire du chef Jigme dont les nuages dorés appliqués sur les murs nous transportent ailleurs, à l’intérieur des suites ô combien parfaites que des mains habiles et invisibles ordonnent à la longueur de journée, dans un bain traditionnel aux pierres chaudes et plantes bienfaisantes magnifiquement scénographié, sur le terrain de tir à l’arc en compagnie des champions de la discipline ou au cours d’excursions ayant pour point culminant le Tiger’s Nest, tout à chacun est à même de prendre la mesure de ce qui fait la vraie richesse de ce pays, ce bonheur national brut qui remplace si avantageusement le PNB dans nos contrées.
Fendre la nuit pour arriver au pied de la montagne aux premières lueurs du jour, démarrer l’ascension bien avant les mules et avec les chiens infatigables comme seuls compagnons de route, s’essouffler dans les premiers mètres, apercevoir entre deux banderoles ou deux pins moussus sa silhouette miraculeusement accrochée en bordure de falaise, persévérer pour le découvrir enfin au pied de cette d’altitude léché par les premiers rayons du soleil donne à réfléchir sur soi-même comme sur cette religion qui prit ici son envol, selon la légende. Taktsang communément appelé Tiger’s Nest n’est pas seulement le lieu le plus révéré du pays, visité chaque année par le couple royal, il est le couronnement de ce voyage aux frontières du monde, à l’abri – pour combien de temps encore- de nos travers et de nos obsessions. Il faut donc voir, sans tarder, cette campagne merveilleuse ponctuée par milliers de hampes blanches marquant l’âme des morts en partance ou de fanions colorés emplis de la foi et des aspirations de chacun.
Et je le dis en toute objectivité, parce que j’en suis intimement convaincu, Aman ne saurait être meilleur initiateur et metteur en scène de ces instants. Pas seulement parce que la marque est établie ici depuis bientôt 15 ans, et ce bien avant tout le monde, mais parce qu’elle me paraît être la plus en résonance avec son environnement et la plus respectueuse de cet héritage fragile. Recevoir l’appui du royaume, investir une ancienne dépendance royale et faire corps avec l’histoire d’un pays comme ce fut le cas en Chine avec Aman Summer Palace au cœur du Palais d’Été, l’ile de Sveti Stefan au Montenegro, le site de Borobudur à Java, l’ancienne résidence d’été de Sihanouk au Cambodge ou bientôt l’enceinte du Temple d’Or à Kyoto, n’est pas donné à tout le monde. Amankora Bhoutan se veut à l’image de ce pays singulier, aussi rare qu'incontournable.
Mots : Patrick Locqueneux
Images : Patrick Locqueneux | Olivier Chevalier
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