Back from… l’Apogée Courchevel
Au sommet !
Certains ne dédaignent pas de faire preuve d’assurance ou à verser dans l’emphase. Pour beaucoup pour ne pas dire la majeure partie, cet élan de présomption se retourne bien souvent contre eux, la promesse s’avérant bien souvent trop belle pour être tenue. Alors quand d’emblée on ose baptiser son hôtel Apogée, nul besoin de dire qu’on s’expose à un éventuel retour de bâtons.
Au ski, l’expression aurait pu s’avérer on ne peut plus approprié sauf qu’en guise de bâton il s’agit plutôt ici de baguettes et plus exactement de baguette magique, quelques bonnes fées s’étant pressées autour du berceau de ce nouveau-né de 2013. Aux côtés de Xavier Niel, on y retrouvait tout d’abord la famille Pariente des Hôtels et Maisons éponymes comme propriétaires et concepteurs des lieux, Oetker ensuite comme gestionnaire mais surtout les deux grands talents que sont India Mahdavi et Joseph Dirand au design. De tout cela ne pouvait naitre qu‘un petit miracle d’élégance et, au-delà, une nouvelle manière d’appréhender le luxe comme la montagne, dans un esprit que l’on retrouve aujourd’hui au Coucou des même Pariente tout juste ouvert à Méribel. Dans un registre très différent mais pas moins exceptionnel qu’Aman le Mélezin et Cheval Blanc, avec qui il partage entre autres le goût de l’excellence au-delà du statut de Palace, cet Apogée n’a pas usurpé son nom à Courchevel.
D’emblée, ne serait-ce que par sa situation au Jardin Alpin, épicentre de Courchevel 1850, le dernier né des grands hôtels de la station s’est hissé au sommet. Avec 53 chambres et suites, deux chalets privés, un penthouse avec jacuzzi en terrasse, une piscine intérieure, un spa signé La Prairie, deux restaurants (aux tarifs déraisonnables), un bar, un fumoir et bien évidemment un ski room, L’Apogée ne pouvait pas non plus démériter côté équipements et services. Cela suffisait il à en faire un Grand Hôtel ? D’un point de vue quantitatif sans doute, d’un point de vue qualitatif cela restait à prouver car nombre de Grands Hôtels engoncés par leur taille, ne réussissent pas toujours à personnaliser leur service, à apporter la touche d’intimité ou de familiarité qui ne devrait pourtant pas être incompatible, parce que précisément là se loge l’excellence à laquelle ils aspirent.
A n’en pas douter, l’origine familiale des capitaux comme la gestion par les Oetker, la dualité ainsi que l’extrême complémentarité des designers auront joué dans cette alchimie et ce supplément d’âme qui font de cet Apogée le palace tant attendu. Mais sans une équipe aussi fraiche et affutée, il ne serait peut-être pas tout à fait ce qu’il est. Officiant, pour la plupart, lors de la saison estivale du côté de la Méditerranée dans les autres propriétés du groupe, les petites mains au cœur d’or de cet Apogée méritent d’être amplement saluées et remerciées car rarement on aura vu un pareil sens du service à portée de main du bouton central de la console de bronze pilotant la domotique des chambres, chambres constituant indiscutablement à elles-seules l’un des atouts majeurs de l’hôtel. Avec leurs moquettes à larges carreaux black & white, leurs murs léchés de teintes glacées réchauffés de bois blond, leurs assises rehaussées de velours et de cuir rouge incandescent ou vert sapin selon les numéros, ces divins tabernacles ont un aplomb et une hauteur de ton peu communs sans parler de ce chic et de ce confort inouïs qu’India Madhavi a réussi à leur insuffler avec son habituel talent.
Coloriste hors pair, scénographe rigoureuse et libre à la fois dans sa manière de se jouer des codes, d’amener de la poésie récréative et une touche de cosmopolitisme là où son regard se pose, elle a réussi ici son pari haut la main. Au-delà d’une atmosphère résolument cosy et festive, il y a dans ces chambres, comme au Coucou voisin, quelque chose ayant à voir avec l’univers du conte. Bien que très masculines dans leur mise, elles ont aussi cette féminité que leur procure insouciance voire l’irrévérence de la couleur. De cette dualité recherchée nait sans doute la ludicité du propos. Ce n’est pas le premier des contrastes de l’hôtel qui, à la blancheur et à la brillance du dehors, oppose déjà à l’intérieur la noirceur et la matité d’une palette chère à Joseph Dirand, lui-même s’opposant par nature à sa consœur en charge du design des chambres. En charge de l’intégralité des espaces communs, il n’a pour autant pas fait cavalier seul, ses propres recherches esthétiques n’étant pas si éloignées de celles de son ainée. On retrouve ainsi la même palette en mode mineur, le vert s’y faisant céladon fragile, le bleu diaphane ou le rouge orangé. Ponctuée d’une sélection d’œuvres d’art à l’esthétique minimale mais à l’effet maximal, incluant d’apaisantes photographies monochromes, la partition jouée à quatre mains célèbre la perfection d’un style parfaitement ancré dans son époque auquel semble faire écho l’alignement parfait sur la neige immaculée des skis préparés chaque matin par la cohorte de majordomes dédiés .
Accessible ski aux pieds, ce château à l’allure tyrolienne fait bien mieux que les chocolats chauds servis au retour des pistes par son escalator privé et couvert ou ses chaussures chauffées. L’Apogée Courchevel avec sa piscine souterraine, sa salle de billard, son fumoir, sa succession de salons moquettés mais plus généralement l’intimité comme le confort de ses espaces, le choix des matières et des textures sans oublier l’affabilité de son service, a su faire de son atmosphère l’une des plus chaleureuses des Alpes françaises. En portant le luxe au sommet d’une nouvelle dimension bien plus discrète voire intimiste, L’Apogée Courchevel méritait bien son nom.
Mots : Patrick Locqueneux
Images : Patrick Locqueneux | Olivier Chevalier
À partir de 1.550€
demi-pension incluse
Surclassement garanti • early check-in & late check-out selon disponibilité • 100$ resort credit • petit déjeuner • accueil personnalisé