Back from… Coqui Coqui Valladolid

Un hôtel aux allures d’autel !

De cette péninsule que se partagent Quintana Roo d’un côté et Yucatan de l’autre, on oublie souvent la richesse intérieure et ses anciennes villes coloniales. Pourtant des plages de Tulum aux ruines de Chichen Itza ou Uxmal plus loin encore, il est des villes à ne manquer sous aucun prétexte à commencer par Valladolid.
Grâce au talent et à l’énergie combinés du duo formé par Nicolas Maleville et Francesca Bonato, celle-ci comme Tulum avant elle, Ixmal, Merida et Coba ont trouvé un point de chute aussi peu banal qu’incontournable. Dans chacune d’entre-elles et sur lesquelles nous reviendrons successivement, le couple qui a reçu la beauté en héritage a en effet décidé d’y dédier un hôtel aux allures d’autel. Derrière Coqui Coqui, le nom qu’ils ont choisi pour cela, il n’y a rien de sacrificiel mais au contraire l’idée d’une célébration quasi liturgique du beau comme du bon sous toutes ses formes. Lustres-encensoirs, orgues-buffets, vitrines-tabernacles, tabourets piédestaux et cloches-reliquaires composent aujourd’hui le décor de ces retraites d’un nouveau genre aux allures de chapelle baroque que n’auraient pas reniées d’illustres conquistadores.

« Derrière Coqui Coqui, se cache l’idée d’une célébration quasi liturgique du beau comme du bon sous toutes ses formes »

Au-delà des ors opulents et des lourds rideaux, ces maisons aux enseignes de fer forgé et doré prônent curieusement le retour à une certaine simplicité à commencer par celle de se retrouver soi-même ou au mieux entre soi. Il y a 13 ans, quand l’aventure a démarré du côté de Tulum, bien avant que ses rivages ne deviennent le dernier refuge à la mode où combiner yoga, poke bowl et eau de coco, le top model argentin et sa non moins charmante épouse italienne n’avaient rien d’autre en tête que de créer un lieu à leur image pour abriter leurs amours pieds nus dans le sable.

« Le top model argentin et sa non moins charmante épouse italienne n’avaient rien d’autre en tête que de créer un lieu à leur image »

Ils ont fait partie de ceux à avoir dessiner les contours de ce style boho-chic décliné aujourd’hui sous toutes les latitudes. Sans eux Tulum ne serait peut-être pas tout à fait ce qu’il est. D’ailleurs, l’est-il encore depuis que, comme d’autres, ils ont été forcés de détruire ce qui était devenu un hôtel, à vouloir y héberger famille et amis toujours plus en nombre ? Coqui Coqui Tulum n’est plus. Une fois perdu ce paradis où le bleu et blanc s’étaient mariés à merveille, ils ont décidé de laisser pousser leurs rêves d’un retour à la nature du côté de Bora Bora où après s’être installés avec leurs enfants, avoir ouverts une première échoppe, ils s’apprêtent à inaugurer un énième petit « paraiso ». Ils n’en ont pas délaissé pour autant leurs attaches mexicaines, dotant même leur Coqui Coqui Valladolid d’une annexe pour le moins exceptionnelle puisqu’il s’agit ni plus ni moins de leur ancienne demeure datée du XVIème siècle et simplement baptisée Meson de Maleville.

« Ces deux chantres du shabby chic ont une nouvelle fois réussi un coup de maitre »

En choisissant d’abriter ici, en plus de quatre chambres aussi poétiques qu’historiques, les divines créations sorties de leurs Oficios Artesanos en une sorte de concept store baroque et foutraque à l’allure irrésistible, ces deux chantres du shabby chic ont une nouvelle fois réussi un coup de maitre face à l’incontournable couvent San Bernardino de Siena aux murs ensanglantés. Plus que jamais la colorée Valladolid a trouvé avec Coqui Coqui des raisons de s’éveiller. C’est précisément dans la Calzada de los Frailes, cette rue pavée qui mène au couvent, aujourd’hui bordée d’estaminets et d’échoppes dont les désormais célèbres Caravana et Hacienda Monteachristo (également co-propriété de Francesca), que se situent La Perfumeria, le salon de thé et à l’étage l’unique suite de Coqui Coqui Valladolid.

« Coqui Coqui est aujourd’hui bien plus qu’un lieu, une collection d’hôtels ou une marque, c’est avant tout un univers voire un état d’esprit »

Voilà une expérience inoubliable que de se voir remettre les clés de pareille échoppe, d’y déambuler à sa guise le soir venu, de se laisser prendre au jeu des miroirs ou de se laisser étourdir par les parfums créés par Nicolas dont les parents tenaient autrefois une pharmacie-herboristerie. Coqui Coqui est aujourd’hui bien plus qu’un lieu, une collection d’hôtels ou une marque, c’est avant tout un univers voire un état d’esprit intimement lié aux origines cosmopolites de ses fondateurs, parfaitement ancré dans l’histoire d’un pays et étrangement connecté au divin. Faire l’expérience de Coqui Coqui revient à rouvrir les portes d’un monde que l’on croyait oublié, entre Histoire et Nature. Il y a là le doux clapotis d’une fontaine, le léger bruissement du vent dans les arbres, l’envol inattendu et coordonné d’oiseaux sauvages, la petite musique du vent s’engouffrant dans les rideaux et chahutant les portes, le bruit de pas qui résonnent sur la pierre comme le cliquetis de vieux vélos que l’on range après une ballade en ville, le grincement d’un lit en fer sur lequel on grimpe comme dans l’enfance, la bruyante cascade de l’eau dans une baignoire de cuivre, la flamme d’une bougie prête à rallumer le ciel en rose et or.

« Faire l’expérience de Coqui Coqui revient à rouvrir les portes d’un monde que l’on croyait oublié, entre Histoire et Nature »

Derrière sa fausse simplicité, ses palmes juste plantées dans un vase, sa vaisselle dépareillée et ourlée d’or, ses flacons à l’ancienne, ses meubles de guingois comme ses installations de fortune, se cache une jolie dose de magie à laquelle il s’avère difficile de résister. Quelle évidente alchimie que ce petit théâtre de poche dont on se sent vite les acteurs privilégiés, dorlotés dans des lits à baldaquin ou au fond d’hamacs au milieu des fougères, chouchoutés dans un spa rien qu’à soi, régalés de chocolat à croquer et de miel dont se pourlécher ou tout simplement gâtés par cette box de bienvenue contenant toutes les productions de La Perfumeria en autant d’échantillons. Comment ne pas vouloir encore de ces matins où les petits déjeuners, si simples soient-ils, se prennent sous la varangue et en bordure de bassin ? Comment ne pas rêver à ce que la vie n’ait que ce parfum d’éternelle romance ? Heureusement Nicolas et Francesca ont essaimé dans cette péninsule de quoi multiplier les étapes avec un égal bonheur…

Mots : Patrick Locqueneux

Images : Patrick Locqueneux | Olivier Chevalier

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À partir d'env. 225€/nuit à la Meson de Maleville ou 275€/nuit à La Perfumeria • petit déjeuner inclus

 
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