Back from... Etosoto

Rêve d'été !

Un rêve d’été, un bout d’horizon, la promesse d’un tête-à-tête avec la mer, Etosoto se voulait tout cela et bien plus encore. De ce projet qui avait été pensé aussi beau que bon, à la fois pour l’âme et le corps, pour soi comme pour les autres, j’avais fait mon coup de cœur de l’année passée et donné ici son premier coup de projecteur.


Très vite relayée par d’autres, l’adresse devint celle que tout le monde voulait connaître et en même temps garder pour soi, la maison que chacun souhaitait louer pour l’été ne sachant pas que d’autres en avait déjà l’exclusivité. Puis vinrent les premières retours… difficiles et contrastés. Aussi bien de ses propriétaires, pourtant pétris des plus belles intentions du monde que de ses locataires d’un jour déjà prêts à se laisser guider par la créativité en vacances, la reconnexion avec leur moi profond ou la redécouverte de leur corps malmené par la société de consommation. Transmission, enrichissement, partage se devaient d’être les mamelles de ce projet aussi écologique que philosophique. Dans ce phalanstère des temps modernes et pieds dans l’eau, on avait convoqué toutes les fées. Autour du berceau, se pressait alors une liste d’experts, de Constance Verluca à la musique à Gary Kikoine à la réalisation, d’Alexandra Lohr à la naturopathie à Anne Bianchi au yoga en passant par Alix Lacloche pour la « slow food » ou Matthew Robertson pour le maraichage de terres qui se sont avérées bien moins fertiles que prévues.

« Très vite relayée par d’autres, l’adresse devint celle que tout le monde voulait connaître et en même temps garder pour soi »

Pour tous, la déception fut alors grande, à la hauteur des espoirs placés et pourtant fondés. Petit à petit, la villa-hôtel, unique sur l'île, s’est réduite à un simple « bed & breakfast » où même le petit déjeuner ne savait plus faire face à ses ambitions de départ : proposer pour tous un repas aussi gourmand qu’équilibré à base de produits frais du jardin. Face à la difficulté de savoir comment répondre au mieux au succès fulgurant, il fallut alors se résoudre à changer de braquet et à proposer plus modestement une succession de retraites très encadrées tout au long de l’année, des cures de jeûne et randonnée aux stages de méditation, de surf ou de yoga, du très en vogue Kundalini au Iyengar en passant par le Vinyasa, le Yin ou le Hatha en plus de quelques possibilités de location de la maison dans son intégralité, privilège qui me fut réservé.

« La vérité de la mer, le regard qui se perd à l’horizon, l’esprit en voyage (...) les sensations ici se bousculent, exacerbées par la force de l’évidence »

Le laboratoire d’idées préfigurant le futur Etosoto Cabo d’Espichel au Portugal, projet innovant d’éco-hôtel et de ferme biologique sur 50 hectares avec ses 90 maisons de bois disséminées au sein d’une nature remarquable, prit ainsi du plomb dans l’aile. Que restait-il alors me direz-vous de ce lieu hors du commun tournant le dos à la lande et gentiment restauré par Elsa Kikoine ? Je vous répondrais, pas grand-chose du projet original des frères Labrousse et en même temps tout : cet air de vacances, la vérité de la mer, le regard qui se perd à l’horizon, l’esprit en voyage, le soleil régénérateur et l’ombre consolatrice, le blanc qui aveugle, la terre qu’on respire, le végétal par brassées, la caresse du vent, l’écume des flots, les étoiles dans les yeux comme dans le ciel, la lune en majesté… les sensations ici se bousculent, exacerbées par la force de l’évidence. Le bonheur simple de se retrouver face à l’immensité du paysage, de déverrouiller chaque matin la porte à double battants que le vent nocturne se charge de refermer comme pour mieux donner l’occasion de la rouvrir et de le laisser rentrer avec son dégradé intense de bleus déjà léché par le soleil, de s’en aller pour les uns sur le deck entamer quelques asanas, pour d’autres de courir le long de la côte sauvage.

« Nul besoin de lui inventer une âme (...) Etosoto tient avec sa location unique sa raison d’être »

Nul besoin de lui inventer une âme à coup de bois flotté, de rotin, de macramé et autres accessoires pile dans l’air du temps et joliment choisis, Etosoto tient avec sa location unique sa raison d’être. Qu’importe si le compte des œufs n’était pas toujours le bon le matin, que le pain venait à manquer tant que la granola se la jouait maison, que le jus mixé changeait sa couleur chaque jour, que le fromage saupoudré de sésame ou de chia se donnait des airs de fugue. Avec Noémie aux commandes, tout se voulait à son image, aussi fantasque qu’incontrôlable, tout autant exaspérant qu’attachant. Aussi curieux que cela puisse paraître, son départ de l’aventure Etosoto quelques mois plus tard allait en affecter plus d’un.

« Etosoto n’était rien d’autre que cette maison ouverte à tous les vents et toutes les envies, joyeuse et faussement désordonnée »

Car entre temps, il y avait eu ce soir de lune pleine et rousse, l’observation commune de son jeu sur la mer, le scintillement des étoiles au loin dans ce ciel comme un jour de fin du monde, les délires et fous rires de cette hôtesse si spéciale, son invitation comme un ordre à se rendre sur la plage après diner, enfants compris pour une séance de yoga, les bougies qu’on allument à la hâte, le vent lourd et chaud qui s’engouffre dans les treillages, les premières notes de musique, la voix du yogi, les premiers rires étouffés, les respirations de plus en plus intenses, les pleurs libérés d’un kundalini qui allait devenir pour tous une évidence au rythme de ses répétitions. Cette communion impromptue et magique avait laissé au groupe un parfum d’éternité, un sentiment de liberté que chacun allait s’employer de mettre à profit aux détours de cette blanche bâtisse ourlée de gris et rehaussée d'une palette de bleus, de l’outremer au turquoise. Etosoto n’était rien d’autre que cette maison ouverte à tous les vents et toutes les envies, joyeuse et faussement désordonnée d’une bande de potes prête à refaire le monde, prompte à jouir de la vie et de ce temps de vacance qu’on lui donnait là. De sa dizaine de chambres fraiches et élégantes s’échappaient quelques notes de piano, de sa piscine aux avants postes fusaient les rires étouffés des enfants, de ses assises multiples et éparses se nouaient des histoires d’amitié ou des rêves de paresse sur lesquels veillait Doudou le chien de la maison. Cette vie de Cocagne belle et insouciante dura une semaine, au rythme d’une ile ô combien docile et facile à se laisser arpenter d’une côte ou d’une plage à l’autre, d’une paella sous les tamaris à une sangria au coucher du soleil.

« Bien qu’autre que prévue, l’expérience Etosoto, tant appelée de nos vœux, n’en fut pas moins réussie »

Puis, presque sans crier gare, il y eut ce jour du départ noyé sous les eaux comme dans le chagrin, les affaires qu’on ramasse à la hâte, les étreintes qu’on écourte, les sanglots qu’on ravale, la promesse de revenir, la fin de l’été et la certitude de l’automne, il avait fallu courir vite, s’abriter comme pour fuir le bonheur qui s’échappait, rire une dernière fois de toute cette aventure unique et forcément précieuse, tellement épique qu’elle en deviendrait inoubliable. Bien qu’autre que prévue, l’expérience Etosoto tant appelée de nos vœux, n’en fut pas moins réussie. Avec Arthur puis Adèle en charge de la gestion au quotidien de cet ambitieux projet, sans parler de Noémie sur place, vint la certitude que Julien Labrousse, par ailleurs éditeur de Regain magazine, n‘était assurément pas dans une quelconque posture à la mode. Sa tentative de reconnexion aux plaisirs simples de la vie trouvera sans aucun doute sa concrétisation avec l’Etosoto Cabo d’Espichel à venir. D’ici là, pour les chanceux, Etosoto Formentera a encore de belles heures de "slow life" à offrir.

Mots : Patrick Locqueneux

Images : Patrick Locqueneux | Olivier Chevalier

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À partir de 1.000€/semaine la retraite en formule All Inclusive

20.000€/semaine la maison en exclusivité (10 chambres)

 
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