Back from… Four Seasons Astir Palace
Hellene en mer !
On cherche souvent à opposer détente et culture ou ville et plage comme si l’on devait renoncer à l’un pour apprécier l’autre ou comme si l’un se rêvait supérieur à l’autre. Avec le Four Seasons Astir Palace, c’est un peu comme si l’on pouvait s’abstenir d‘avoir à faire le choix et comme si le meilleur des deux mondes s’offrait à soi.
Nous ne sommes ni à Athènes ni dans les iles mais en bord de mer et à 30 minutes de la capitale, à Vouliagmeni dans ce qu’il est convenu d’appeler la Riviera athénienne, un isthme aux contours effilés qui attire depuis plus d’un demi-siècle tout ce qui compte dans le pays et au-delà. Au cœur des 30 hectares de cette péninsule couverte de pins plongeant dans la mer et où s’étire une succession de criques et de petites plages à l’atmosphère bénie, l’Astir fait figure de légende depuis son ouverture à la fin des années 50. A l’instar du Surf Club de Miami également sous pavillon du groupe canadien, on ne compte plus les stars, les personnalités politiques ou les têtes couronnées en ayant fait les riches heures. Récemment racheté à l’Etat grec, ce refuge témoin privilégié de son développement touristique et partie prenante de l’histoire nationale n’a rien perdu de son charme dans l’opération. En dehors du changement d’enseigne, de l’adjonction de nouvelles installations et d’une rénovation intérieure complète à hauteur de 230 millions d’euros, sa physionomie est restée peu ou prou la même avec ses bungalows d’origine et ses deux imposants bâtiments que sont Arion et Nafsika. Avec trois lieux et autant d’ambiances, l’unique Astir Palace devenu Four Seasons n’en demeure pas moins multiple et taillé pour tous les goûts, prioritairement le bon.
Pourtant, sur le papier, c’est tout ce dont on ne voudrait pas ! Avec pas loin de trois cent chambres et plus du double d’employés, près de dix restaurants et lounges, trois plages privées et autant de piscines, 5 courts de tennis, un golf club, monter à bord d’un pareil paquebot se ferait plutôt à reculons. Mal nous en prendrait car nous passerions à côté d’une de ces expériences incomparables que Four Seasons sait très bien offrir d’autant plus lorsqu’il se fait aider par cette hospitalité grecque devant laquelle on ne cesse de s’émerveiller. La combinaison du professionnalisme caractéristique des grandes maisons et de la gentillesse hellénique fait ici merveille. Pas un moment ou un recoin où elle pourrait être prise en défaut. Les tours de ronde de Philippe Roux-Dessarps, flanqué de son Hotel Manager Panagiotis Sopiadis, aux différents ponts de son navire n’y sont peut-être pas étrangers. La croisière a beau être immobile, le commandant veille néanmoins à ce qu’elle se déroule sans encombre.
Si à bord d’un navire classique, le choix de la cabine reste somme toute assez simple dicté par la superficie ou le point de vue sur les flots, la tâche se complique grandement dans le cas du Four Seasons Astir Palace si on évacue la question budgétaire et encore. Car en dehors de l’Arion dont les quelques chambres à l’est donnent sur la réception et les pins pour les étages plus élevés, toutes les autres, qu’il s’agisse de la façade ouest de ce paquebot moderniste, de l’unique façade en cascade du Nafsika ou des bungalows, toutes offrent la même vue plongeante sur les falaises de granit rose en à pic sur les flots. Si dans Arion, la remarquable ergonomie des chambres (min. 40m2) conçues telles des cabines de bateau force le respect, l’agrément des larges terrasses dont certaines avec piscines privées au Nafasika rend le choix bien difficile. Certains opteront sans doute pour le calme et l’élégance du premier comme la présence du spa en rez-de-jardin, d’autres lui préfèreront peut-être l’énergie du second avec ses boutiques, sa salle de fitness ou les cabanons privés de son immense piscine extérieure au ras des flots. Les amateurs d‘exclusivité, eux, choisiront, au-delà des suites spectaculaires allant jusqu’à 450m2, les bungalows parfois à l’allure faussement modeste blottis sous les pins ou parfois plus luxueux avec petit salon et piscine privée en première ligne d’un paysage azuré.
On les comprend tant la vie à leur bord renvoie à l’esthétique comme à l’agrément des jours heureux. Ces jours où l’on laisse la brise du matin s’engouffrer dans les voilages, les premières lueurs vues du pool-deck glisser sur la mer et le premier bain à la fraiche se faire irrésistible. On saisit alors une serviette au bord de la piscine, un maillot enfilé à la hâte sous le peignoir pour descendre quatre à quatre ces escaliers de pierre séparant de la mer qu’on remontera avec encore plus d’ardeur une fois les muscles étirés et les premiers rayons de soleil flirtant avec les pins. Que l’on se rince au grand air ou dans l’opulente salle de bains ouverte sur le paysage, on ne résiste pas plus à la joie, rasé de près et déjà élégamment vêtu d’avoir à prendre par la pinède se délectant de son parfum entêtant ou à longer le sentier côtier tout en jouant à cloche pied entre deux résidus d’embruns pour rejoindre l’une des terrasses des deux paquebots postés en vigie sur la mer. Au pont supérieur de l’un ou au pont inférieur de l’autre, la même vue sur les flots, le même bonjour de maitres d’hôtels ou d’hôtesses gentiment à leur affaire que l’on aura plaisir à retrouver le soir, l’abondance de buffets néanmoins délicieux retardant toujours le moment de plier sa serviette et de quitter la table. Qu’importe ! En de pareilles villégiatures, rien ne presse. Sur le chemin du retour, on se plait à musarder, à laisser l’œil se divertir entre les éléments remarquables d’une collection d’art contemporain majoritairement grecque et spécialement montée pour les lieux par James Robertson Art Consultants, à s’octroyer une halte à la salle de sports suréquipée ou un détour par le spa et ses installations surnuméraires tournées vers la mer et rendant hommage aux traditions antiques. Point de convergence de cette enclave égéenne, ses eaux claires assorties aux hortensias délavés ponctuant les chevets des chambres, rythment les jours que l’on voudrait toujours moins courts.
Car il y a fort à faire sans avoir besoin de sortir de ce domaine, à commencer par l’exploration des tables toutes plus gourmandes les unes que les autres, de la Taverna 37, néo-taverne de bord de mer aux accents méditerranéens, au Pelagos, restaurant de poissons de haute tenue où se pressent le soir les élégantes échappées de la ville laissée à la fournaise, en passant par Helios le grill latino-américain de la piscine ou l’italien Mercato, tous supervisés par le chef français Bertrand Valegeas sans parler du célèbre Matsuhisa de Nobu également installé sur la presqu’ile et du prochain Beefbar de Riccardo Giraudi à ouvrir cet été dans un bâtiment rétro-futuriste à l’architecture intérieure signée Humbert & Poyet. Il n’en fallait pas plus pour séduire le tout Athènes habitué à venir ici prendre l’air et profiter des bains de mer entre pins échevelés et scintillements bleutés. Gageons qu’à l’approche d’un nouvel été, d’autres, conscients qu’Athènes ne s’arrête pas à son Acropole, sa fondation Niarchos ou son Musée Benaki, dont le Four Seasons Astir Palace possède d’ailleurs une somptueuse boutique, leur emboitent le pas.
Mots : Patrick Locqueneux
Images : Patrick Locqueneux | Olivier Chevalier
À partir de 430€/nuit
Surclassement selon disponibilité • early check-in & late check-out selon disponibilité • 100$ resort credit • petit déjeuner • accueil personnalisé