Back from… Lou Pinet

On dirait le Sud !

La Madrague à quelques minutes de là a gardé ses volets clos, les suceurs de glace ont déserté le port, ne reste que les habitués au tir au but sur la Place des Lices tout aussi proche. Quelques buses tournoient encore dans un ciel alternant larges éclaircies et effets dramatiques. Les nuits se sont faites plus fraiches et les jours plus courts mais la chaleur est là, l’esprit aussi.

« Avec leur Lou Pinet sur le chemin éponyme, les Pariente ont réussi à trouver leur place, singulière et colorée à St Tropez. »


Cela a beau sentir la fin de l’été, St Tropez, la mythique, vient juste d’entamer son renouveau. Les plages ont enfin plié, se sont conformées aux lois du littoral, ont gagné en clarté mais aussi en élégance, Pampelonne a presque retrouvé son allure d’antan. Elle n’a jamais paru aussi sauvage. La Réserve de Ramatuelle y a posé une cabane grand large mais intimiste signée Starck, Cheval Blanc pas encore mais il possède déjà la sienne en plein centre-ville, unique et bientôt agrandie dans la foulée du bluffant lifting qu’il vient de s’offrir. Le tout nouveau et très beau Lily of the Valley, lui aussi dessiné par Starck, s’est mis quant à lui à bonne distance de ce grand St Tropez dont la vraie nouveauté aura été l’arrivée des Pariente qui, entre leur hostellerie de Crillon-le-Brave et leur Coucou de Méribel, s’offraient in-extremis le luxe d’ouvrir un troisième opus.

Avec leur Lou Pinet sur le chemin éponyme, ils ont réussi à trouver leur place, singulière et colorée. En s’associant une fois encore à l’une des plus grandes signatures de la décoration française, la famille composée du trio de charme Patrick, Kimberley et Leslie a fait revivre l’idée de ce sud, aux codes pourtant connus que le tandem Jouin & Manku auteur du précédent décor des lieux avait fait volé en éclat avec l’insuccès que l’on sait. De l’ancien Benkiraï dont le nom témoigne à lui seul d’une autre époque, espérons-le révolue, ils ont avec l’aide de Charles Zana et de François Vieillecroze pour la partie extérieure redonné au lieu une identité méditerranéenne qui ne demande qu’à être patinée. Sans doute, la fameuse lumière du sud viendra aimablement décolorer les teintes parfois trop hardies, donner un peu de souplesse à la rigidité de l’ensemble ou de la vigueur à cette nature encore timide bien que prise en main par Jean Mus.

« Le fameux « lou pinet » dresse pour l’heure son ombre bienveillante sur ces maisons provençales (...) sudistes dans l’âme »

Pour l’heure, le pin centenaire, le fameux « lou pinet » en occitan, dresse son ombre bienveillante sur ces maisons provençales encore un peu trop neuves dans lesquelles se répartissent quelques 34 clés frappées dans le bronze à son effigie. Avec leurs façades gentiment dorées, leurs volets pastels oscillant entre le bleu du ciel et le vert des oliviers, leurs tuiles mélangées, légèrement moussues, cuivrées ou carrément brulées, elles sont au moins sudistes dans l’âme, Vieillecroze y a veillé. Pourtant, le gardien du temple tropézien, figure incontournable de toutes les rénovations, Cheval Blanc compris, aurait sans doute pu mieux faire. Quelques balcons, terrasses, chemins ou murs de pierres sèches supplémentaires n’auraient pas nui à l’agrément de ce domaine dépourvu du charme enivrant des ruelles du village ou des vues hypnotiques sur le littoral. Lou Pinet n’en tire pas moins son épingle du jeu de par cette position à équidistance de tout ce qui fait le charme de la presqu’île la plus célèbre au monde. Et là, n’est pas le seul attrait de ce repère en marge à même d’offrir une alternative crédible et enviable aux Resort et Grand Hôtel que sont respectivement la Réserve et Cheval Blanc. Peut-être parce qu’il y a dans ce boutique-hôtel de très haute tenue, offrant un service de couverture exemplaire et de délicates espadrilles brodées entre autres attentions, quelque chose de « Costien », de chic et sexy à la fois, n’en déplaise aux détracteurs du genre. La comparaison tient sans doute à ce rouge appuyé comme un baiser audacieux en marge d’épais matelas ou de parasols clapotant fièrement au vent et dont le surnombre vient littéralement à former un océan écumant de blancheur au centre de pelouses fraichement plantées s’harmonisant aux courtepointes de lits opulents, aux ourlets de rideaux empesés ou aux lampes comme trempées dans l’huile.

« Charles Zana (...) a composé un hommage à l’âge d’or de St Tropez »

Des frises des parasols aux ganses pomponnées des draps, on retrouve aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur ce travail de cohérence signé Charles Zana. En usant de cannage, tressage ou nattage au détour d’abat-jours ou de pièces de mobilier plus importantes dessinées pour les lieux, en sélectionnant des verreries de Biot ou des céramiques signées Vallauris disposées sur les tables ou accrochées aux murs à l’instar de miroirs dans l’esprit de Line Vautrin, il a composé un hommage à l’âge d’or de St Tropez ainsi qu’une palette pleine de gaieté s’harmonisant avec la sélection d’artistes de la Maison d’Art d’Amélie du Chalard, décidément et heureusement incontournable ces derniers mois. De délicieuses compositions abstraites s’y déploient avec joie autour de canapés en forme de haricots blanc, de tables en faïence lustrée comme l’olive ou de têtes de lits expressionnistes - futurs best-sellers - reprenant ces fameuses couleurs du sud qui ne sont jamais si belles que dans l’or du soir.

« La nouvelle adresse tropézienne où paresser en douce sous les pins, se repaitre du charme de l’été au son des cigales et faire que le temps dure longtemps »

Au retour des plages par la route du même nom, quand le soleil vient à percer à travers les pins, que la terre relâche la chaleur accumulée durant le jour, que la grotte du spa Tata Harper se veut le dernier refuge et que la piscine invite à un dernier bain tandis qu’autour du terrain de pétanque les glaçons tintent déjà dans les verres, que la terrasse du Beefbar finit sa mise en place sous les lampions et les cannisses, un autre Saint Tropez se révèle. Lou Pinet ne fait pas exception à la règle. Derrière les façades aux rideaux de lin tirés, il y a la vie qui coule comme sous les douches frictionnées au parfum de Bergamote du Labo, des siestes qui s’improvisent au rythme d’un été qui ne veut jamais finir à l’instar des « gelati » montées minute à la table immanquable de Riccardo Giraudi à laquelle même les végétariens ont le droit de s’asseoir. Les gourmands de la vie et les gourmets tout court ont trouvé tout autant avec lui qu’avec ce Lou Pinet tout entier la nouvelle adresse tropézienne où paresser en douce sous les pins, se repaitre du charme de l’été au son des cigales et faire que le temps dure longtemps. On dirait le Sud...

Mots & images : Patrick Locqueneux

design-boutique
design-boutique

À partir de 344€ /nuit

Surclassement • early check-in • late check-out • lunch pour 2 pers. • petit déjeuner • accueil personnalisé

 
lou pinet © Mr. Tripper-76.jpg
lou pinet © Mr. Tripper-3.jpg
lou pinet © Mr. Tripper-88.jpg
lou pinet © Mr. Tripper-188.jpg
lou pinet © Mr. Tripper-74.jpg
lou pinet © Mr. Tripper-139.jpg
lou pinet © Mr. Tripper-182.jpg
lou pinet © Mr. Tripper-116.jpg
lou pinet © Mr. Tripper-11.jpg
lou pinet © Mr. Tripper-148.jpg
lou pinet © Mr. Tripper-25.jpg
lou pinet © Mr. Tripper-120.jpg
lou pinet © Mr. Tripper-58.jpg
lou pinet © Mr. Tripper-22.jpg
lou pinet © Mr. Tripper-181.jpg
lou pinet © Mr. Tripper-6.jpg
Précédent
Précédent

Back from… Four Seasons Astir Palace

Suivant
Suivant

Back from… Sha Wellness Clinic