Back from… La Mamounia

100 ans et pas une ride !

Les uns l’adorent, les autres adorent la détester. Ces derniers, pour la majeure partie, ne l’ont pourtant jamais visitée ou n’y ont jamais séjourné. Jamais un hôtel n’aura autant cristalliser les passions que celui-ci ou plutôt celle-ci car l’on parle ici bien plus que d’un hotel, d’une grande dame, aussi unique qu’incomparable sur laquelle le temps, quoiqu’on en dise, ne saurait avoir de prise : La Mamounia.

« une grande dame, aussi unique qu’incomparable sur laquelle le temps, quoiqu’on en dise, ne saurait avoir de prise : La Mamounia »

A l’instar des grands artistes, elle a su se réinventer au fil du temps avec pas moins de six rénovations, la dernière en date, la rattachant à son histoire et à sa terre tout en la propulsant dans la modernité. Alors, on pourra toujours débattre, sans doute en vain avec ceux la préférant avant, ceux la trouvant trop sombre ou ceux la jugeant mal fréquentée voire les trois à la fois. Ils n’ont peut-être pas tout à fait tort mais on ne pourra pas leur donner raison pour autant. Car ceux là, osons l’écrire, sont de mauvaise foi ou tout simplement aveugles, quoique le novice empli de sa candeur ou l’aveugle aux autres sens plus aiguisés seraient bien plus habiles à discerner ce qui fait de cette Mamounia, la perle de l’Afrique et l’une des propriétés les plus iconiques au monde.

« la perle de l’Afrique et l’une des propriétés les plus iconiques au monde »

Bien sûr, il appartient à chacun d’être sensible ou non au style Garcia accroché à sa vision historiciste des choses et déroulé ici depuis 2009 dans tout sa flamboyance. Mais, là où elle est souvent plaquée artificiellement ou sans grand moyens, la vison singulière de l’esthète, comme de l’exégète qu’il est avant tout, s’exprime ici avec autant de cohérence que de légitimité. Rien n’ a été laissé au hasard dans cette entreprise et continue de l’être sous l’égide de Jouin & Manku, artisans de la dernière rénovation en date en 2020. Là encore, les cassandres criant au désespoir d’une énième mouture de l’établissement en ont eu pour leur frais, l’ensemble ayant encore gagné en lisibilité et en modernité sans rien renier de son histoire, 100 ans après sa création par Prost & Marchisio. Ils ont, chacun leur tour, donner raison à cet adage de Lampedusa “il faut que tout change pour que rien ne change».

« La Mamounia encore gagné en lisibilité et en modernité sans rien renier de son histoire, 100 ans après sa création par Prost & Marchisio (..) elle déroule la vision aussi syncrétique qu’élégante d’un siècle tout entier. »

Même si les oeuvres de Majorelle dont le fameux bleu s’invite par touches, ornent encore ses murs, même si le nom de Churchill au fronton d’une de ses suites signatures ou de son bar mythique continue de rappeler ses riches heures, cette Mamounia version 2023 au style hispano-mauresque voulu par Garcia, complété depuis avec toute l’épure et la modernisé de Jouin & Manku, n’a rien de passéiste, elle déroule la vision aussi syncrétique qu’élégante d’un siècle tout entier.

« La Mamounia dispose pour elle d’une forme de complétude et par conséquent d’une certaine perfection qui ne se limite pas à la grammaire d’un style ici à son apogée »

Ses 200 chambres, à l’exception de celles dite “Hivernage”, continuent de faire rêver non seulement pour l’excellence de leurs équipements et leur extrême sens du confort mai aussi pour leurs vues uniques sur la Koutoubia, l’Agdal, son parc plus que légendaire au coeur de la ville et les montagnes de l’Atlas enneigé au loin. Avec cette situation incomparable, La Mamounia s’impose sans peine au plus grand nombre comme un choix idéal quelque soit la saison ou les envies, la faisant souvent préférer à ses non moins merveilleux compétiteurs que sont l’Amanjena, le Royal Mansour ou le Mandarin Oriental. Il faut dire que si les uns et les autres ont pour eux leurs atouts et leurs caractères très particuliers, La Mamounia dispose pour elle d’une forme de complétude et par conséquent d’une certaine perfection qui ne se limite pas à la grammaire d’un style ici à son apogée.

« En offrant à chacun autant de diversité que de facilité dans le choix de ses réjouissances, La Mamounia se veut le théâtre de journées au déroulé plus que parfait »

En offrant à chacun, qu’il soit seul, en couple ou entre amis autant de diversité que de facilité dans le choix de ses réjouissances, La Mamounia se veut le théâtre de journées au déroulé plus que parfait. Se réveiller au son du muezzin, faire son jogging à l’heure de la rosée dans les 8 hectares d’un jardin clos ou s’égayent les oiseaux, s’ébrouer dans la piscine déserte et fumante à cette heure, prendre son petit déjeuner en extérieur sous un soleil encore timide, faire quelques emplettes dans les boutiques de la galerie suivi d’un gommage traditionnel ou d’un massage au spa, sortir vite fait pour une course en médina et rentrer à temps pour un déjeuner sur le pouce à la terrasse de l’italien, faire la sieste ou se perdre dans sa lecture à l’ombre des orangers, s’octroyer une glace signée Pierre Hermé au bar bucolique du Mezeh, enchaîner une partie de tennis sur une terre de champions et une simple partie de pétanque avant un drink au bar Majorelle, admirer le coucher du soleil de son balcon, s’habiller pour le diner à l’Asiatique de Jean Georges avant de finir au Club le nouveau rooftop du Marocain ou au Churchill pour siroter un dernier cognac avant de s’endormir fenêtres ouvertes sur le jardin avec les étoiles pour témoins, voilà peu ou prou l’inventaire d’une journée placée sous le signe du plaisir et tout le charme de cette Mamounia à nulle autre pareille.

« Au-delà d’offrir pareil champ de possibles, La Mamounia se distingue aussi par sa capacité d’émerveillement de tous les instants qui fait le sel des grandes maisons »

Au-delà d’offrir pareil champ de possibles, La Mamounia se distingue aussi par sa capacité d’émerveillement de tous les instants qui fait le sel des grandes maisons à commencer par l’escorte de la douane à sa Daimler où on se laisse conduire par un chauffeur en livrée et gants blancs tandis que défile la video des réjouissances attendues dans les appuis-têtes arrières de sa limousine suivi de l’accueil par une nuée de valets en burnous blancs ouvrant grandes les portes d’un tabernacle où la soie, le marbre et le velours se donnent rendez-vous et où chacun se voit immédiatement pris en charge pour un check-in accompagné des traditionnels dattes et lait d’amande à l’abri des alcoves d’un salon qui en a vu passer tant d’autres avant soi.

« La Mamounia ne se contente pas de reprendre la couleur signature de la ville ou le vert de ses oliviers, elle représente à elle seule l’essence de Marrakech »

Inutile de raconter la suite, elle reste pour chacun à inventer et à vivre au moins une fois, car La Mamounia ne se contente pas de reprendre la couleur signature de la ville ou le vert de ses oliviers, elle représente à elle seule l’essence de Marrakech, ce chatoiement des sens comme la grandeur et la bienveillance d’une oasis en plein désert.

Mots : Patrick Locqueneux

Images : Patrick Locqueneux & Olivier Chevalier

GRAND HOTEL

À partir de 525€:nuit

Surclassement selon disponibilité • early check-in & late check-out selon disponibilité • 100$ de crédit • petit déjeuner • accueil personnalisé

 
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