Back from… Six Senses Shaharut
Le dépaysement véritable !
Qui n’a jamais rêvé que passé et présent se confondent, que mythe et réalité ne fassent qu’un ou que la terre ne donne rendez-vous à la lune ? Que celui dans pareille attente fasse l’expérience de Six Senses Shaharut et il sera comblé ! Ce n’est pas là la prophétie de l’ancien Royaume d’Edom ou le scenario d’un film d’anticipation encore à écrire mais bien la promesse aussi folle que séduisante de ce nouvel opus qui aura mis pas loin de 10 ans à éclore au coeur du mythique désert du Néguev.
Il fallait bien l’acharnement et les moyens d’un Ronny Douek pour implanter aux confins de ce grand sud israélien un resort aux allures de colonie pacifique. Soucieux d’y établir une connection avec les populations locales regroupées ici en Kibboutz, l’activiste businessman et philanthrope a trouvé en Shaharut, littéralement la jeunesse, la source d’un nouvel engagement et d’une aventure pour le moins passionnante.
Sur la route de l’encens et des épices qu’empruntaient autrefois les Nabathéens, se dresse désormais une cité d’un nouveau genre presque invisible épousant les contours d’un paysage unique, apte à réjouir les plus blasés des voyageurs comme les plus lassés d’un monde en perdition. À 3h30 de Tel Aviv et au prix d’une route alternant entre banalité et somptuosité qui a le mérite de nourrir l’attente et de participer au principe de la découverte, l’on peut dire que Six Senses Shaharut se mérite. Les moins courageux ou les plus dispendieux lui préféreront sans doute l’agrément d’un vol à destination d’Eilat ou d’un survol panoramique en hélicoptère mais n’aimons nous pas ce pour quoi l’on peine ?
Faire l’expérience de Shaharut impose de faire preuve de patience bien sûr mais aussi de prendre conscience qu’ici comme partout ailleurs, dans ce pays ô combien fascinant, certaines notions que l’on prendrait pour facilement acquises et notamment chez Six Senses doivent être réévaluées. Même si l’hospitalité est une valeur centrale du judaïsme mais aussi un devoir, elle se retrouve parfois malmenée à l’épreuve des faits ; les codes, la culture, le contexte échappant au plus grand nombre. Un séjour au Six Senses Shaharut ne se fera donc pas sans quelques crispations ou frustrations pour peu qu’on n’en retienne pas l’essentiel, un essentiel qui se joue ailleurs, tout autour de soi et non dans l’attitude ambivalente d’une jeunesse aussi apte à servir sous les drapeaux de sa patrie qu’à danser sur les plages de Tel Aviv sans se soucier de ce que sera demain.
Pas plus en ville qu’en ce désert biblique, la survenance du jour d’après ne suscite l’inquiétude ou l’urgence. Face à l’immensité et à la beauté du paysage, rien ne semble plus important que la contemplation de l’instant présent et de ses infinies nuances. Du matin où les brumes peinent à se dissiper sur la vallée encore endormie au soir quand les feux s’allument et que le joueur de oud entame sa mélopée, le temps s’égrène avec toute la lenteur requise à l’instar d’un espace étiré ici à l’infini.
Si le village de Shaharut lui-même se laisse admirer sur l’une des collines voisines, si les lacets de la route sinuant en contrebas nous rappellent qu’une forme de civilisation existe encore, il est bien difficile de s’extraire de ce sentiment d’ailleurs face à un silence absolu à peine troublé du chant mélodieux des oiseaux ou de la danse légère des libellules et des papillons. À l’image de l’abîme et du désert qu’il contemple, Six Senses Shaharut donne rapidement l’impression d’avoir été comme soulevé hors du sol, projeté dans un monde parallèle ou catapulté sur la lune. Le personnel en tenue quasi militaire y conduisant des véhicules électriques plus extravagants les uns que les autres et souvent dotés de gyrophares participe de cette irréalité quasi fictionnelle. Bercé par ce sentiment étrange, on s’y sent foncièrement libre et puissant à l’image des téméraires bouquetins de Nubie arpentant le paysage ou s’aventurant avec audace jusque sur les toits des villas à la recherche de quelques feuillages de subsistance.
La comparaison s’arrête là, car chacun trouvera ici, malgré l’isolement des lieux, de quoi largement se sustenter notamment au petit-déjeuner qui reste sans doute l’un des plus complets et exceptionnels qu’il ait été donné de voir. Si l’on aime quand le fond et la forme se confondent, cet instant-là tutoie alors la perfection. L’appétit renouvelé du matin ne saurait trouver meilleur cadre que Shaharut, dont l’immense paysage déroulé à l’infini répond à l’offre non pas démesurée mais parfaitement équilibrée d’un buffet d’une fraicheur, d’une diversité et d’un goût tout aussi renversants. Bien qu’étrangement moins spectaculaire aux autres heures de la journée, la cuisine reste ici un des fondements d’une expérience qui se veut avant tout globale et à laquelle est dédiée comme toujours chez Six Senses une gentille armée de GEM ou “Guest Experience Makers”. Ils disposent pour cela d’un terrain de jeux hors du commun menant leurs hôtes, au delà de l’exploration des alentours à pied, à dos de chameau, en voiture ou à vélo à la connaissance intérieure et à une forme de paix retrouvées. Chacun a ici le loisir de se confronter au paysage et à l’immensité comme il l’entend. Qu’il l’entreprenne de manière active ou passive, qu’il choisisse une experience au coeur d’un programme chaque jour renouvelé ou qu’il se contente de paresser au bord de la piscine face au canyon, il en reviendra sans doute changé ou grandi. La magie de Shaharut opère vite et il peut s’avérer très difficile de s’en extraire comme si certains sortilèges étaient à l’oeuvre ou qu’une puissance supérieure venait à vous retenir.
Faut-il en chercher la raison du côté du spa aussi imposant qu’ensorcelant, de son envoutante piscine intérieure aux allures de crypte, des préparations et cosmétiques élaborés au sein de son “Alchemy bar” ou des mains expertes et magnétiques de Dor, l’un de ces masseurs que l’on croirait magicien ? Ou faut il voir dans ces circulations labyrinthiques et souterraines, ces amphithéâtres et estrades de pierres prêts à recevoir d’hypothétiques sacrifices ou de nocturnes imprécations la cause de cet attachement ? Faut-il aussi explorer du côté de la soixantaine de suites et villas fantomatiques de ce complexe certifié LEED rendu presque invisible sous le trait savant du cabinet d'architecture Plesner pour y déceler un quelconque tour de sorcellerie ?
Ce qui est sûr, c’est qu’il conviendra de choisir, parmi ces habitats curvilignes contemporains faits de calcaire, silex et bambou et enduits en leurs coeurs de tadelakt pour mieux y recevoir la lumière, ceux dotés d’une piscine et d’une vue forcément panoramique pour ne rien rater de cette expérience immersive. Même si quiconque ayant entendu le joueur de dour ou vu le soleil se confondre avec le brasier d’un campement éphémère dressé sur les hauteurs de ce domaine à nul autre semblable comprendra sans peine que Six Senses Shaharut appartient non seulement à cette poignée de lieux par le monde qui ne saurait laisser dans l’indifférence et qu’il impose de connaitre mais aussi que derrière cet envoutement inexpliqué se cache tout simplement le vrai dépaysement.
Mots : Patrick Locqueneux
Images : Patrick Locqueneux & Olivier Chevalier
À partir de 990€/nuit
Surclassement selon disponibilité • early check-in & late check-out selon disponibilité • 100$ de crédit • petit déjeuner • accueil personnalisé