Back from… Royal Mansour
Délicieusement Royal !
Le Royal Mansour porte en son nom, son allégeance au royaume et sa promesse d’exception. Volonté de sa majesté Mohammed VI, propriétaire et ordonnanceur des lieux, le Royal Mansour pourrait être considéré comme une antichambre du palais. À ce titre, rien n’y est impossible et tout s’y veut singulier. Pour celui qui a longtemps fait figure d’outsider, dépourvu d’un vrai jardin et d’une piscine capable de rivaliser avec ses compétiteurs toujours plus nombreux. Depuis le printemps dernier, le paysagiste espagnol Luis Vallejos à qui l’on devait déjà cette merveilleuse allée d’oliviers issus des domaines royaux, cette place aux palmiers, ces patios parsemés de grenadiers, d’agrumes et d’oliviers marquant les entrées de cette médina au cœur de la Médina, s’est enfin vu confié la mission de recréer un jardin de paradis autour d’un bassin qui s’est vite imposé comme le plus remarquable en ville.
Si chez d’autres, tantôt le fond, tantôt la forme pourrait l’emporter, ici l’espace nouvellement créé a trouvé une sorte de complétude réunissant les ingrédients parfaits de pareille aire où végétation déjà à maturité et clapotis de l’eau se répondent sans aucune autre forme de distraction que celle de quelques oiseaux dans les airs. Pas plus d’enfants que d’adultes hurlants ou malséants ne sont à pointer à l’horizon. Les pavillons parfaitement climatisés et aménagés qui bordent les pourtours de ce bassin abritent derrière leurs moucharabiehs, à l’heure ou à la journée selon la formule retenue, les aspirants à encore plus d’intimité et hermétiques à toute privauté. En toute quiétude, ils y reçoivent alors délices pour le corps comme pour l’esprit, un massage, une sieste ou un déjeuner. Les autres prennent leur repas à l’ombre du nouveau restaurant délicatement lové entre oliviers et palmiers. Placée comme toutes les autres tables sous la supervision du chef triplement étoilé Yannick Alleno, la cuisine du Jardin joue la carte du partage, mêlant inspirations et saveurs méditerranéennes de la plus habile des manières et offrant certainement le meilleur déjeuner possible dans la ville rouge et alentours si pareil classement devait être envisagé.
Ce n’est plus un secret pour personne, bien qu’elles n’aient ni le charme ni la simplicité d’adresses plus confidentielles, les deux Grandes Tables Française et Marocaine maintenant rejointes par ce Jardin sont considérées à juste titre depuis leurs débuts comme les plus exceptionnelles du Pays. À l’instar de ces tables royales, le Spa, qui sera d’ailleurs bientôt doté d’une carte de restauration étoffée et axée bien-être, constitue l’un des autres atouts majeurs de l’hôtel. Avec ses quelques 2.500m2 placés sous l’égide de la très élégante Stella de Bagneux, ce sanctuaire à la spectaculaire résille immaculée dispense de réels prodiges dont le hammam constitue le point de départ. Bordé de terrasses où s’épanouissent orangers et citronniers, confié aux mains des marques les plus réputées ou des plus grands experts de la beauté dont Bastien Gonzales, le lieu s’avère un régal pour les sens malgré son déluge de marbre et de soie.
En effet, côté décoration, on ne peut pas dire que le Royal Mansour fasse dans la demi-mesure mais plutôt dans l’ultra-mesure au risque de frôler l’overdose et de trébucher. Chacun sera libre d’en juger à l’aune de son propre goût mais tous s’accorderont néanmoins à reconnaître ici l’invraisemblable richesse et qualité des matériaux utilisés. Dans ce domaine, là-encore, il ne dispose d’aucun équivalent. L'hôtel n’a pour référence que les spectaculaires et secrets palais de son seul et illustre commanditaire et comme limite, le talent incommensurable des artisans de ce pays. Tressés, ciselés, gaufrés ou marquetés Zelliges et tadlakts, tentures et tapis, stucs et marbres, sols et plafonds ou bien encore cuirs et cristaux se prêtent ici à toutes les fantaisies possibles et inimaginables. Halls, salons et patios en profusion donnent toute la mesure de ces associations parfois tumultueuses mais toujours spectaculaires, dignes de la Haute-Couture.
Les riads, au nombre de 53, qui constituent la seule et unique forme d’hébergement de ce palais aux allures de ville dans la ville ne sont pas en reste. L’art marrakchi ne s’est pas arrêté à la porte de leurs façades imposantes en bordant les étroites ruelles à l’image d’une médina impeccablement manucurée. Qu’ils n’affichent « que » 140m2 d’espace à vivre sur trois niveaux ou pas moins de 1.800m2 pour le plus grand d’entre eux, tous ont en commun un souci du détail poussé dans ses retranchements et un nombre exponentiel d’attentions dont le papier à lettre personnalisé et embossé à l’or fin donne la mesure.
Mais le Royal Mansour ne saurait pour autant se résumer à un état des lieux circonstancié, il est bien plus que cela, un univers fluide et sans contrainte sur lequel veillent son affable directeur général et son escouade de serviteurs, non pas muets mais invisibles. En effet, grâce à un ingénieux système de galeries dérobées, ils peuvent arpenter par centaines le domaine, sans avoir à croiser quiconque et assurer ainsi leur service en gants blancs avec la plus grande discrétion ; ces passages secrets, dignes d’un film d’anticipation, les conduisant notamment à l’un ou l’autre des trois niveaux des riads dont ils ont la délicate charge. Le Royal Mansour donne également et principalement accès à un monde de privilèges qui commence dès l’arrivée à l’aéroport de Marrakech puisque tous ses hôtes bénéficient d’une part d’un service d’accueil en passerelle et d’un coupe-file des filtres de police et d’autre part de transferts assurés en Range Rover, Bentley ou vans Mercedes selon les besoins ou les disponibilités de la flotte de l’hôtel inclus au tarif très étudié de 990€/nuit pour les premiers Riads.
Les privilèges ne s’arrêtent pas en si bon chemin puisque l’hôtel dont on avait déjà salué ici le très réussi package Saint Laurent à l’ouverture du Musée propose également moyennant un don très significatif à la Fondation éponyme la visite privée de la demeure du couple légendaire, la Villa de l’Oasis. Si chacun peut en connaître plus ou moins les aménagements par le truchement de quelques clichés, il est une autre demeure, proposée à la visite, en totale exclusivité cette fois, dont personne en dehors de quelques intimes n’a jamais soupçonné l’existence, celle de Serge Lutens. L’ébouriffante découverte de ces trois palais secrets réunis dans la Médina et gagnés au terme d’une ballade en sidecar menée à tombeau ouvert par les formidables équipes d’Insiders Marrakech devrait d’ailleurs servir, à elle seule, de prétexte à toute souscription d’un séjour au Royal Mansour, d’autant que ce dernier partage avec la spectaculaire demeure-atelier-fondation de l’homme à la ténébreuse silhouette, une certaine fascination pour l’ombre et la claustration. Un parti pris qui pourrait ne pas s’avérer du goût de tous et rester la seule véritable ombre au tableau de ce lieu à nul autre pareil où le royaume a décidé d’exprimer toute sa grandeur.
Mots & images : Patrick Locqueneux
À partir d’env. 990€/nuit
Surclassement selon disponibilité • early check-in & late check-out selon disponibilité • 100$ hotel credit • petit déjeuner • accueil personnalisé • service fast track & transferts aéroport