Back from… The Miami Beach Edition
Aussi réjouissant qu'essentiel !
À la question : « The Miami Beach Edition est-il aujourd’hui le meilleur hôtel de la ville ? », il serait bien difficile de répondre tant les concurrents sont nombreux à ce titre sans qu’aucun ne parvienne vraiment à rallier tous les suffrages. Malgré son développement tous azimuts ces dernières années et un nombre de nouveaux acteurs en rapport, Miami n’a toujours pas trouvé l’hôtel incontournable, le seul et l’unique à recommander les yeux fermés pour toutes les bourses et tous les goûts. Mais ce mouton à cinq pattes existe-t-il encore de nos jours, compte tenu du rythme effréné avec lequel s’ouvrent de nouvelles adresses dans toutes les grandes villes de ce monde ?
Fini le temps où un hôtel faisait à lui seul la destination, régnant sans partage pendant de longues années avant d’être délogé par un nouveau compétiteur ou de se saborder lui-même à vouloir grossir au lieu de grandir. Miami n’a pas fait exception à la règle. Tout le monde a oublié le temps où, après tant d’autres, le Delano faisait les beaux jours de la ville, avant que le Setaï, à une époque encore pas si lointaine, ne prenne le relais.
Aujourd’hui, 4 ans après son ouverture, The Miami Beach Edition compte assurément parmi les meilleures adresses de cette légendaire langue de sable. Renouer avec la légende, c’était bien là toute l’ambition de celui qui 17 ans plus tôt avait justement créé le phénomène Delano. Et il faut dire qu’il a plutôt réussi son coup en rachetant pour cela et avec l’aide de Marriott l’ancien Séville Hotel dont l’iconique horloge aux points rouges donne toujours fièrement l’heure à des kilomètres à la ronde. Pas grand-chose n’a changé depuis cet âge d’or si ce n’est les lettres d’argent qui brillent désormais au fronton et qui marquent Edition, ce nom appelé à se démultiplier comme jamais dans les années à venir. La structure a été préservée tout comme l’ancien plongeoir ou son bar extérieur en forme de flèche. L’un comme l’autre continue de vouloir tutoyer les sommets. Si l’élégance de l’époque n’est plus, l’ensemble a indéniablement gardé fière allure.
On aime tout particulièrement l’aile surélevée sur les anciens cabanons entourant l’historique piscine avec ses grands balcons en arrondis et son incroyable penthouse en duplex doté d’une piscine privée sur le toit. C’est dans cette partie dite « Bungalow » qu’il faut de préférence séjourner pour se préserver une part d’intimité au cœur de cet ensemble de près de 300 chambres qui donne l’illusion d’en compter dix fois moins ici. Pourtant aussi curieux que cela puisse paraître, et à condition d’éviter peut-être en sous-sol la patinoire, le bowling ou la boite de nuit censée rappeler les riches heures du Studio 54, jamais, dans ce Miami Beach Edition, l’on n’éprouve une quelconque sensation d’inconfort ou d’oppression que supposerait pareille taille. Je dirais même au contraire que le sentiment est presque inverse, aidé en cela par une équipe excessivement dévouée à saluer, accompagner et servir ses « guests » pour la plupart habitués et pris à de nombreuses reprises en flagrant délit de « hugs » que cela soit au démarrage d’une journée forcément ensoleillée ou au moment d’adieux que l’on transforme aussitôt en au revoir.
Il y a là incontestablement une intimité touchante qui interroge et donne une fois de plus raison à Ian Schrager dans sa capacité à concilier l’inconciliable, à l’image de cette patinoire pour le moins incongrue sous les tropiques. Si, fidèle à sa philosophie de l’ « entertainment », il a toujours cette volonté de cocher toutes les cases et de sans cesse surprendre, l’homme n’en est pas moins fidèle à ses principes aussi bien esthétiques que gastronomiques, sans parler de ses amitiés. On ne s’étonnera donc pas de retrouver l’incontournable Jean-Georges Vongerichten, connu en meilleure forme notamment au Public, à la tête de Matador le restaurant à visée hispanique ou de Market, le très réussi « food-hall » ouvert sur la rue qui donne à chaque instant de la journée cette couleur si américaine quand Tropicale, le « beach bar », réunit tous les incontournables de la Floride dans ses assiettes.
On ne sera pas plus surpris de retrouver le style minimal si cher au gourou de l’hôtellerie. Un style qui même s’il paraît légèrement « daté » aujourd’hui n’en reste pas moins efficace et parfaitement dans son propos à Miami. Derrière les voilages transparents dans lesquels se plaisent à jouer d’un commun accord le soleil et le vent, se cachent des chambres dessinées par le duo Yabu & Pushelberg, vêtues de cotonnades blanches et tapissées de bois blond qui ne sont pas sans rappeler les harmonies d’un rivage atlantique se laissant admirer au-delà de l’océan de palmes qui leur sert de cadre. Avec pour seul décor quelques clichés de mers étales toutes « Sugimotiennes » et des bouquets limités fort heureusement à de simples feuilles de philodendron, The Miami Beach Edition exprime bien cette idée balnéaire, laissant à l’extérieur le soin de lui voler la vedette. Il faut dire que du haut de ses balcons fifties, la vue sur la plage immaculée, ratissée de près chaque matin et seulement ponctuée de parasols au chic assuré entre marine et blanc a de quoi séduire. Là, réside le charme de cette ville ouverte sur le bleu de l’océan et dopée à l’énergie du soleil.
The Miami Beach Edition a beau être l’un des foyers incontournables du monde de l’Art durant l’ardente Design Week, il n’en est pas moins tout le reste de l’année l’épicentre d’une Miami’s way of life oscillant entre bling et healthy, voyant les Rolls Royce s’aligner aussi sagement que des palmiers et les colonnes d’or s’inviter avec mesure au milieu d’espaces à la blancheur apaisante. Aussi réjouissant qu’essentiel !
Mots : Patrick Locqueneux
Images : Patrick Locqueneux | Olivier Chevalier
À partir d'env. 520€/nuit
surclassement selon disponibilité • early check-in & late check-out selon disponibilité • 100$ f&b credit • 60$ credit petit déjeuner • accueil personnalisé