Back from… Amanwella

Un balcon unique sur l'océan indien !

Grand Hotel incontournable pour l’un, Resort essentiel pour l’autre, ville fortifiée ou plage déserte pour cadres, Galla et Wella dont les syllabes viendraient aisément à se confondre sont les deux faces aussi différentes que complémentaires d’un pays qui ne cesse de vouloir renaître et d’une enseigne qui y redécouvre ses trésors. Deux versions d’un plaisir non coupable, d’un blanc chaulé pour l’un, de sable grège pour l’autre mais doués d’une même harmonie voulue par l’architecte australien Kerry Hill, heureusement inspiré par les préceptes de Geoffrey Bawa et son modernisme tropical.

« Les 27 suites-villas d’Amanwella bâties sur le modèle de simples cabanes de pêcheurs n’ont de bungalow que l’idée et l’apparente simplicité des lignes extérieures. »

Les 27 suites-villas d’Amanwella bâties sur le modèle de simples cabanes de pêcheurs n’ont de bungalow que l’idée et l’apparente simplicité des lignes extérieures, l’intérieur révélant des volumes admirables et une surface unique de 100m2 quelle que soit la catégorie retenue. Que l’on ait fait le choix d’une vue imprenable sur l’aigue-marine des flots de l’Océan Indien ou d’une ouverture sur le malachite d’un jardin-écrin aussi luxuriant que verdoyant, c’est bien la paisible austérité basanée du bois qui viendra réchauffer d’une égale manière les nuits justes rafraichies par la brise du dehors que l’on aura pris soin de laisser entrer par le jeu de claustras coulissant à l’infini. Bonheur simple et indicible du ressac au loin, des croassements de grenouilles occupées à passer d’un ruisseau aux sentiers côtiers sillonnant à travers les toits de tuiles rouges, des mélopées de coucous tropicaux rythmant la progression des astres. À l’ombre de ces Suites et de leurs grands ventilateurs, on ne voudrait presque jamais sortir. Les balcons largement étirés avec leurs lits de repos extérieurs sont en effet les parfaits refuges au bruit du monde extérieur, les repas pris sous la varangue ou dans la quiétude de cours intérieures abritant de divins bassins privatifs où se rafraichir en toute liberté en viendraient à faire oublier qu’il y a une vie au dehors. Voilà tout le drame d’Aman d’imaginer ces éternels refuges modernes où rien ne vient jamais à faire défaut.

« Il y a de l’ordre du paradis retrouvé, d’une innocence primitive à peine troublée par quelques transats, garnis de matelas d’une blancheur rappelant l’écume de flots parfois impétueux. »

Il serait pourtant dommage de manquer ce qui fait de ce lieu le resort par excellence, à commencer par cette plage qui, dès l’aube, balance ses charmes sur quelques 8 kilomètres d’un sable ponctué, çà et là, de palmes ravies à la nuit. Dans les brumes d’or du soleil perçant à travers les palmiers géants d'une cocoteraie léchant le rivage, il y a de l’ordre du paradis retrouvé, d’une innocence primitive à peine troublée par quelques transats, garnis de matelas d’une blancheur rappelant l’écume de flots parfois impétueux, disposés autour de tables basses en troncs de cocotiers coupés où poser les noix fraichement cueillies à la cime de ses voisins à savourer aux heures le plus chaudes de la journée. Pas de vains parasols ici, pas plus que de télévision en chambre, l’ombre naturelle comme la variété du paysage suffisent à protéger et divertir le regard en convalescence de la civilisation. Tout juste regrettera-t-on quelques passages fort rares de pêcheurs de coquillages prêts à déballer leurs précieux chargements de nacre et de porcelaine.

« L’Amanjunkie ne pourra alors, comme à l’accoutumée, retenir ce soupir de contentement, lui assurant d’avoir pris la possession provisoire d’une terre placée sous le signe de la rareté. »

Amanwella, puisque nous parlons bien de ce resort né de la contraction heureuse entre paix en Sanscrit et plage en Cingalais à l’aube de l’année 2005, a en effet bien mérité le lifting entamé ces dernières années sous l’impulsion de l’adorable et dévoué Filippe de Lancastre. Longtemps considérée comme la plus financièrement accessible de la trentaine de propriétés signées Aman, sans que l’on sache vraiment si c’en était la cause ou la résultante, Amanwella s’était endormie à la faveur de quelques âmes indélicates et d’une nature parfois rebelle, heureusement incapables d’en ternir la double beauté architecturale et naturelle. Il est vrai que si certains Aman imposent dès le premier guet franchi ou parfois dès l’apparition du mur d’enceinte et de la noble enseigne qu’elle abrite, au kilomètre 193 de cette route serpentant entre villages de bord de mer et reliefs verdoyants, seul un modeste sentier creusé sur le bas-côté attend l’impatient Amanjunkie qui sait combien son coeur a l’habitude de se serrer à cet instant précis saisi d’une excitation violente et d’une irrésistible impatience.

« Il ne pourra alors, comme à l’accoutumée, retenir ce soupir de contentement, lui assurant d’avoir pris la possession provisoire d’une terre placée sous le signe de la rareté. »

Après les quelques 220 km le séparant de l’aéroport de Colombo ou l’heure et demie de route le reliant à Amangalla qu'il aura immanquablement visité, le voyageur devra attendre encore les quelques ressauts de ce chemin presque impraticable comme le passage devant quelques maisons de tôle avant de découvrir après un guet de fortune et une allée de gravillons austère l’iconique et rougeoyante cour d’honneur d’Amanwella. Il ne pourra alors, comme à l’accoutumée, retenir ce soupir de contentement, lui assurant d’avoir pris la possession provisoire d’une terre placée sous le signe de la rareté. Il en disputera la propriété, ici comme dans d’autres lieux, avec les villageois et il s’en agacera peut-être quand il lui viendra de traverser, à pied ou à bord de charmants tuk-tuk blancs, le fameux sentier détalant jusqu’à la plage et séparant sa villa du cœur du resort puis il l’oubliera bien vite, convaincu in fine qu’on ne peut retenir pour soi tous les paradis.

« Le soleil ne s’y trompe pas et s’en donne à cœur joie en en imprimant tout au long du jour les moindres recoins d’ombres chinoises hiératiques et mystérieuses. »

Si le site, au risque de se répéter, revendique son exception, l’architecture de Kerry Hill impressionne tout autant sous ses dehors vernaculaires. Aussi bien le miracle d’équilibre de la réception que les impeccables passages couverts rythmés d’infatigables et sombres colonnes reliant les différents pavillons dont les lounge-bar et restaurant posés en surplomb d’une piscine aussi vaste que spectaculaire font mouche. Le soleil ne s’y trompe pas et s’en donne à cœur joie en imprimant, tout au long du jour, les moindres recoins d’ombres chinoises hiératiques et mystérieuses dans un ballet aussi immanquable que celui de ces palmiers qu’il force à se mirer dans les eaux étales de ce bassin de 47 mètres pour encore mieux en démultiplier les impressionnantes silhouettes.

« Amanwella vient seulement d’entamer sa mue. Ce balcon unique posé sur l’océan n’a pas dit son dernier mot. »

Ce seul spectacle, quotidiennement réglé, suffirait à emplir l’âme mais selon les saisons, les dauphins, les baleines ou les tortues aiment parait-il s’inviter à la fête. Il faudra donc alors revenir passer plus de temps, voir si d’autres surprises peuvent encore se succéder sur l’oreiller, lors du service du soir, en dehors des épices et des thés délicatement empaquetés et accompagnés de poèmes signés Shelley, recompter le nombre de fleurons et de lucioles disposés par surprise à l’heure du bain, surveiller l’aménagement futur du spa aujourd’hui néanmoins très joliment cantonné à l’intimité de villas réquisitionnées à cet effet, procéder à l’inventaire des trésors nouvellement glanés par Filippe et présentés en boutique, récolter les fruits et les légumes d’un potager en cours d’aménagement et vérifier si avec les menus à venir ils apporteront enfin la touche de saveurs manquante en cuisine, revoir les rizières toutes proches replantées pour servir de cadre merveilleux à quelques pique niques aussi divinement que faussement improvisés et plein d’autres détails encore. N’en déplaise à ceux déjà venus, Amanwella vient seulement d’entamer sa mue. Ce balcon unique posé sur l’océan n'a pas dit son dernier mot. De nouvelles résidences à bâtir sur l’immensité de son territoire comme la proximité aux alentours des Parcs Nationaux de Bundala, Yala, Udawalawe ou le site sacré de Mulgirigala, viendront confirmer, s’il en était encore besoin, son statut d’halte incontournable et heureuse sur la route méridionale de l’ancienne Ceylan.

Mots : Patrick Locqueneux

Images : Patrick Locqueneux & Olivier Chevalier

resort

À partir de 958€ /nuit

Petit déjeuner • 100 $ de crédit • surclassement selon disponibilité
early check-in & late check-out selon disponibilité • accueil personnalisé

 
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