Back from… Hôtel du Cloître
Une affaire de très bon goût !
Parfois, il fait bon revenir sur ses propres traces, reprendre un des premiers reports, rajouter quelques photos prises à la hâte, mais qu’importe, et raviver le souvenir comme les couleurs de ce post.
Avec Arles, rien de plus facile car les Rencontres de la Photographie donnent tous les ans l’occasion de revenir avec la régularité d’un métronome sur cette ville qui poursuit lentement mais sûrement sa mue comme si la totémique Fondation Luma en cours d’érection par Frank Gehry devait donner le la de ce renouveau culturel, hôtelier ou gastronomique. Peut-être bien après tout, car sans la reine Maja, comme certains l’appellent, Arles ne serait sûrement pas ce qu’elle est devenue. Sans la figure tutélaire de la collectionneuse, mécène, réalisatrice et accessoirement héritière du Laboratoire Hoffmann La Roche, et sans son talent indubitable pour s’entourer de talents notoires dans tous ses projets, la plus grande commune de France n’aurait que ce titre et son patrimoine historique, ô combien remarquable, comme seuls faits de gloire.
Dans son sillage d’autres sont venus, du classique Hôtel Particulier de Brigitte Pages de Oliveira à l’incroyable Collatéral du couple Schiepan, des tables se sont créés du divin Paris Pop Up au solide Chardon, des boutiques ont écloses aussi jolies que pointues de Dou Bochi à la Marchande de 4 Saisons mais c’est là une autre histoire que celle de ce cloitre, de cet Hôtel du même nom qui s’est littéralement adossé à ce chef d’œuvre classé au patrimoine Mondial qu’est Saint-Trophime. À son ouverture déjà, en 2012, il y eut le sentiment qu’un pas avait été franchi dans la manière de penser l’hôtellerie et d’offrir pour un prix défiant toute concurrence une décoration aussi inspirée qu’inédite. Le pari de la couleur et de la modernité voulu par Maja et sa complice de toujours India Mahdavi allait faire date. Le très bon goût à prix tout aussi doux venait de trouver là un de ses plus ardents fers de lance. Les années ont beau avoir passé, et la raison hôtelière avoir pris le dessus sur l’esprit maison d’origine, rien ne s’est démodé dans l’une ou l’autres des 19 chambres offertes à la location pour un peu moins de 100€ et rarement plus de 200€.
Le silence aléatoirement fendu par le carillon de la cathédrale, un chant gitan improvisé dans la rue ou les bribes de conversation d’un groupe d’amis attablé à l’Ouvre-boite, reste le compagnon idéal de nuits rafraichies par les seules pâles d’un ventilateur à l’ancienne ou le vent s’invitant dans les voilages. À l’ombre de ce paulownia centenaire couvrant la placette la plus charmante d’Arles, cette idée de Provence demeure intacte. Les carrelages brisés façon Ettore Sottsass interpellant les sols mosaïqués, les corbeilles de raphia tressé, les têtes de lits en volutes géantes et milles autres détails rendent hommage à cette heureuse Camargue peinte et célébrée par Van Gogh. Pour celui qui aime la couleur, il y a de quoi jubiler face à tant de simplicité, d'élégance et de raffinement arrangés. Bien chagrin celui qui ne succomberait pas à cette gaieté partout déclinée, à l’accrochage aux cimaises d’œuvres de premier plan faisant partie de la collection de la sémillante propriétaire ou aux tapas habilement concoctées autrefois par Alexandre, le frère d’Armand Arnal, l’étoilé de la Chassagnette supervisant ici le petit-déjeuner et cet Ouvre-boite toujours incontournable.
Les saisons passent mais l'Hôtel Du Cloître garde pour lui et ses hôtes la double promesse d'un été haut en couleurs et en saveurs comme d'une affaire de très bon goût.
À partir de 100€/nuit • petit déjeuner