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Les Grands Boulevards entrent en campagne !

Paris, Grands boulevards, tout le monde descend ! Ce qui sonnait jusqu’à aujourd’hui comme une station de métro tout aussi morne que les autres, le rendez-vous incontournable des afterworks, des amateurs de clubs ou de comédies boulevardières, un encombrement permanent entre terrasses interlopes, coursiers affairés et friperies bon marché se hausse à nouveau du col. Le « Carnaval des Affaires » comme le Carnaval tout court, qui défilait encore ici jusque dans les années 50, ne seront peut-être bientôt que de lointains souvenirs.

De là à revoir se pointer le Tout Paris à la lueur des réverbères, il y a encore tout un monde. Autre temps, autres moeurs, les millenials et startupers à pied ou en Uber ont remplacé l’aéropage de hauts de forme et de crinolines transbahuté en fiacre. Il aura tout d’abord fallu la reconversion plus ou moins forcée du Sentier quadrillant ses base arrières pour que ces Nouveaux Cours comme on les appelait alors sous Louis XIV, retrouvent un certain intérêt. L’ouverture tonitruante du Hoxton, il y a quelques mois, et son succès immédiat ont confirmé que le vent avait tourné à quelques mètres de là.S’il y avait alors de quoi rassurer la bande de l’Experimental Group sur son pari osé d’investir l’un des derniers hôtels particuliers encore en retrait de l’axe de circulation pour en faire l’Hôtel des Grands Boulevards, il n’était pas à même de rassurer le critique, ne voyant, a priori, dans cette nouvelle proposition qu’une resucée du premier. Ce qui aurait pu passer pour un énième chausse-trappe hôtelier s’avère en fait une jolie réussite, dans l’air du temps mais avec la pointe d’insolence qui le fait sortir du lot.

« Ici plus qu’ailleurs, on ne redoute pas le parisianisme bien au contraire car Paris est au coeur du sujet »

Si tout n’y est pas encore d’équerre ou finalisé, débuts obligent, ce lieu voulu par la bande de garçons et leur muse désormais attitrée, Dorothée Meilichzon, fait preuve d’une bonne volonté désarmante et d’un charme épatant à l’image d’une de ses hôtesses d’accueil, habillée comme le reste de la troupe par Alexandre Mattiussi. Ici plus qu’ailleurs, on ne redoute pas le parisianisme bien au contraire car Paris est au coeur du sujet et de la narration distillée par une « Princesse au petit pois » des temps modernes qui a rêvé son dernier opus comme une fantaisie entre cour et jardin, ruralité et urbanité. Lits à dais et tabourets de vachers alternent ainsi à tous les étages tandis que les abeilles des ruches voisines de l’Opéra se collent aux portes pour former des heurtoirs dorés et napoléoniens ou qu’un ange abandonné à la rêverie, orne le dos de peignoirs en nid d’abeille ou s’invite sur des panneaux « do not disturb » en forme de disque de stationnement. À l’instar d’Heurtebise pour Cocteau, ce héros ailé tient ici une place centrale et sert d’emblème au lieu renouant ainsi avec l’idée originelle de ces boulevards autrefois pensés pour la flânerie et la légèreté.

« Entre romantisme et aristocratisme, s’invite un cosmopolisme qui n’a d’autre but que d’attirer entre ces murs d’un rouge tout pompéien, le fameux parisien »

On ne s’étonnera donc pas plus de trouver des paniers en osier ou des papiers peints à motifs campagnards dans des toilettes qui comptent désormais parmi les plus amusantes de Paris, des peintures qui évoquent la mousse, des lavandes aux rebords des fenêtres ou des bouquets de fleurs séchées sur les consoles, voire des bouts de jardin, de balcon ou de terrasse pour quelques-unes des 55 chambres de cette maison de campagne improvisée autour d’une grande verrière encore un peu en devenir comme le rooftop prévu pour le printemps prochain. Tout juste pourra-t-on se montrer sourcilleux d’y goûter sur tables en bois et chaises de jardins volontairement dépareillées une cuisine transalpine signée Giovani Passerini, éblouissante parfois, manquant le coche à d’autres mais s’imposant déjà comme incontournable pour un public pressé d’en être. Entre romantisme et aristocratisme, s'invite un cosmopolisme qui n'a d'autre but que d’attirer entre ces murs d’un rouge tout pompéien, le fameux parisien, du petit déjeuner, aussi joliment pensé que délicieusement avalé, au drink d’avant ou d’après diner inévitablement réussi avec l’Expérimental Cocktail Club au shaker de cet énième bar à leur actif. Nous sommes ici aussi et avant tout en ville, dans ce Paris aux toits de zinc sur lesquels s’ouvrent grand les fenêtres, où la moquette se pare de motifs carrelage métro, où les gravures remontent le temps tandis que les éclairages, peut-être en surnombre, cherchent à nous rappeler que nous sommes bien dans la Ville Lumière et qu’à quelques mètres de là eut lieu la première projection des frères Lumière.

« Cet Hôtel des Grands Boulevards ne manque pas d’à-propos. »

On l’aura compris cet Hôtel des Grands Boulevards ne manque pas d’à-propos. Mais contrairement à d’autres, qui manient la citation avec légèreté ou inconséquence, ce nouvel havre parisien parvient à imposer une véritable esthétique et à développer un art de vivre remarquable pour cette gamme de prix. Le cheap y côtoie le chic avec la même aisance que la campagne s’y réconcilie avec la ville. Ainsi, les salles de bains en plein revival fifties aiment les doubles vasques, les aménités des marques les plus pointues viennent chaque jour différentes comme des pochettes surprises dans des sacs de toile, les serviettes et peignoirs se la coulent douce, le marbre, le velours et la soie s’invitent volontiers dans les contours, les minibars ne font pas plus dans la figuration que l’équipement audio-vidéo et le Negroni maison en guise de bienvenue s’accorde très bien aux glaçons venant avec le service de couverture. Bien troussé, un brin moqueur et l’ai rieur pas de doute, çà c’est Paris !

Mots : Patrick Locqueneux

Images : Patrick Locqueneux | Olivier Chevalier

cheap & chic
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À partir de 150€/nuit

Surclassement selon disponibilité • early check-in & late check-out selon disponibilité • petit déjeuner • accueil personnalisé

 
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