Back from… Masseria Cimino

Dolce Vita oblige !

C'est à l’ombre de la tutélaire et pour le moins spectaculaire silhouette de Borgo Egnazia que la Masseria Cimino cultive son intimité. Tandis qu’Aldo Melpignano tisse dans la première les fils d’une histoire plus contemporaine et que sa mère, Marisa, veille depuis plus de 20 ans aux destinées de la Masseria Domenico à l’origine du genre, la tante et sœur règne quant à elle sur l’ancienne maison du grand-père.

De cette ferme du 17ème, en lisière de l'antique Egnatia et de ses vestiges, la famille a fait une enclave du bon goût italien, entre calme et fraicheur, oliviers et bord de mer. Derrière ses volets délavés et mi-clos, ses épais murs de pierre rougis ou chaulés, se joue une histoire millénaire qu’il n’est pas besoin de réécrire ou de travestir. Ici, malgré la présence de l’Adriatique et du golf 18 trous au bout du jardin, il n’est pas plus question de faire des vagues que des effets de manche. La Masseria Cimino se veut une douce respiration, fruit d’une lente et minutieuse restauration. Les outils trouvés-là ont gardés leur patine pour s’exposer avec modestie sur les cheminées, des vasques de pierre à peine meulées font office de lavabos dans les salles de bains, le mobilier mise sur l’économie de moyens simplement pris dans la maçonnerie, les télévisions se cachent derrière des coffres de bois tout comme le minibar et les cafetières se dérobent sous des linges anciens assortis aux lits en baldaquins tandis que les lampes troquent leurs abat-jours pour de la pierre et ne craignent pas de révéler leur douille. Chez d’autres, il s’agit bien souvent d’une posture, ici les choses se font naturellement, en harmonie avec l’histoire et dans le respect de l’environnement.

« Chez d’autres, il s’agit bien souvent d’une posture, ici les choses se font naturellement, en harmonie avec l’histoire et dans le respect de l’environnement. »

À Cimino, on préfère ne rien mettre dans les cadres, accrocher une vraie clé au bout d’un fil de chanvre et d’un rondin de bois pyrogravé, remplir les photophores de gravillons blancs ou de rameaux d’olivier, suspendre les oignons ou les piments au plafond en guise de décoration tout comme ramasser les oreilles des figuiers de barbarie pour orner les cimaises. On travaille avec ce qui est là, devant soi, sans  négliger le chic pour autant. Le matin, les femmes de ménage portent l’uniforme rayé de ciel et arborent cette élégance qui fait l’Italie et que le monde entier envie. Le soir venu, les serveurs en veston immaculé dressent le buffet sous la tente en veillant à ce que chacun des convives, apprêtés eux aussi pour l’occasion, mange à sa faim, le tout sous l’œil aguerri d’une maitresse de maison toujours attentive au bon ordonnancement des choses. Quel dommage que la pitance ne réponde pas tout à fait aux mêmes exigences. L’Italie toujours me direz-vous ? Oui sans doute ! Capable du meilleur comme du pire.

« On travaille avec ce qui est là, devant soi, sans négliger le chic pour autant. »

Mais comment s’en plaindre ici quand une chambre en demi-pension se négocie en basse saison aux alentours de 95€ la nuit et 175€ au plus fort de l’été. Cimino a tout du « cheap & chic » et c’est bien ainsi, offrant une alternative abordable à la superlative Borgo Egnazia d’autant que tout séjour ici s’accompagne d’un accès privilégié à toutes les innombrables installations de l’illustre voisine : beach club, spa, golf, piscines et restaurants sont à deux coups de pédale en vélo. Passons donc sur cette petite déception culinaire pour ne retenir que le charme indéniable de ces 15 chambres et suites, toutes aussi pimpantes quelle que soit la catégorie retenue. Rappelons-nous plutôt la joliesse comme le calme de cette piscine cernée de pierre blanche protégée des regards par une haie de bambous flirtant avec le vent et souvenons-nous pour longtemps du ballet des lucioles au moment de cette heure bleue inévitablement rafraichie d’un spritz règlementaire, "Dolce Vita" oblige ! À l'instar de la Masseria Potenti, la Masseria Cimino s'impose comme l'une des dignes représentantes du genre.

Mots : Patrick Locqueneux

Images : Patrick Locqueneux | Olivier Chevalier

cheap & chic
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À partir de 95€/nuit • demi-pension

 
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