Back from… Soho House Barcelone

Entre chic anglais et movida espagnole !

Parler ou rendre compte de Soho House, c’est un peu toucher à la perfection d’un genre qui n’appartient qu’à elle, maintes fois copié et jamais égalé. Tout le monde voudrait dupliquer ce succès initié il y a maintenant 17 ans, en vain ! Ce n’est pourtant pas faute d’être aidé dans la tâche.Après un premier vadémécum, ayant pour titre dénué de toute ambigüité « Eat Drink & Nap », développant les recettes de cet art de vivre puisant ses sources outre-manche et trouvant sa vérité aux 4 coins du monde, c’est un second ouvrage lui aussi frappé au coin du bon sens « Morning Noon Night » qui vient d’être édité avec le même succès et la même propension à inspirer aussi bien professionnels de l’hôtellerie que particuliers, membres ou hôtes temporaires de cette chaine de restaurants-hôtels-spas-cinémas-salles-de sports, avant tout clubs privés mais pas exclusivement et devenus incontournables partout où ils essaiment leur très bon goût.

Bref, après la très intime et pourtant très rock’n roll Shoreditch House de Londres, l’über-branchée Soho House de Berlin, et l’impressionnante Soho House d’Istanbul, malheureusement prise en otage par les outrages faits à cette ville ô combien fascinante, je vous emmène et avant quelques autres encore, à la découverte de celle de Barcelone testée dans ses tout premiers jours à la faveur de l’automne dernier. Installée face à la marina accueillant sur ses quais en cette hors saison quelques-uns des plus beaux yachts de la Méditerranée et sous les palmiers d’une de ces places typiques du Barrio Gotico, cette Soho House Barcelone donc, n’a rien à envier à ses sœurs, réalisant à chaque fois le même hold-up sur la ville. Il y avait un Barcelone avant et il y a donc maintenant un après. Le plutôt formaté Serras, non loin, puis le très élégant Cotton House ou l’iconoclaste Brummel dans un autre genre et plus récemment le super sexy Casa Bonay, dont on reparlera très vite, avaient déjà entrepris de réveiller la belle espagnole quelque peu endormie à l’ombre de ses grands classiques à l’image du Mandarin Oriental mais là, c’est un grand coup de pied dans la fourmilière qui vient d’être donné. L’arrivée d’un Edition d’ici la fin de l’année devrait sans doute rabattre encore un peu plus les cartes mais pour l’instant Soho House les a toutes en mains et pas encore mises sur le tapis. Dès la belle saison, la maison se dédoublera à la mer, plus exactement à la plage, avec un concept fou dont seul Nick Jones, son inspiré propriétaire, a le secret et qui fait déjà, de l’autre côté de l’Atlantique, courir tous les « beautiful people » sur le sable de Malibu. Non content d’avoir enfin dévoilé en son rez-de-chaussée un de ses fameux restaurants Cecconi’s, ouvert sa salle de cinéma et ses espaces de réception qui viennent compléter de la plus jolie des manières son spa et sa salle de gym signés Cowshed, ces deux piscines dont une sur le toit et son bar-restaurant réservé à ses membres, ce club privé, le premier à voir le jour en Espagne, peut maintenant donner la pleine mesure de tout son talent et faire de ses 57 chambres les cocons idéaux ou presque de tout séjour barcelonais.

« Il s’en faut de très peu pour que l’établissement ne s’en aille directement rejoindre le cercle très fermé des plus belles adresses au monde »

Car là encore, il s’en faut de très peu pour que la maison ne s’en aille directement rejoindre le cercle très fermé des plus belles adresses au monde, dépassant toutes les attentes et réunies sous l’appellation :« &Beyond ». Peut-être manque-t-il à ces chambres, néanmoins géniales, des balcons plus vastes ou des terrasses avec des vues plus séduisantes que sur la circulation en contrebas ou pour les plus agréables d’entre-elles sur le bucolique téléphérique reliant depuis 1931 le Vieux Port au ciel chargé de mouettes à la colline de Montjuic. Oui, l’on pourrait toujours rêver d’un environnement plus apaisé et d’un jardin intérieur pour parfaire cet austère bâtiment du 18ème aux réminiscences Art Nouveau une fois la porte passée, mais après tout, est-ce bien ce que nous recherchons là-bas ?  Comme toutes les autres enseignes du groupe, cette Soho House là, n’échappe pas à la règle. Sa clientèle exclusivement recrutée parmi les talents et esprits créatifs de la planète après double parrainage, pour les membres, ou étude du pédigrée du demandeur d’asile temporaire dans les lieux, pour les non-membres, ne supporte pas plus le costume cravate que l’ennui qui irait avec. Non, ce qui intéresse ici, c’est cette connexion avec le cœur de la ville et son énergie débordante, cette fameuse "movida". Tout le monde n’a qu’une idée en tête, célébrer la vie et l’éphémère et de ce côté-là on s’y entend comme jamais. Le casting qui a été réuni pour veiller au bon déroulement des choses fait comme d’habitude des étincelles célébrant la diversité dans son ensemble comme l’intelligence et démontrant au passage qu’il n’est pas forcément besoin d’une formation hôtelière ou d’un uniforme pour avoir le sens de l’hospitalité, Jordi Garcia en tête.

« Il n’est pas forcément besoin d’une formation hôtelière ou d’un uniforme pour avoir le sens de l’hospitalité »

Alors oui, vous qui me lisez et qui n’osez pas tenter votre chance, il y a urgence à faire sa demande par email, pourquoi pas en se réclamant de ma part, pour tester ce resort urbain à nul autre pareil et savourer les moindres détails de cette décoration qui frise la reconstitution historique, une nouvelle fois mise en scène par Vicky Charles et ses talentueuses équipes. L’ensemble se veut comme toujours remarquable de précision et de goût, développant peut-être encore plus qu’à l’accoutumée- la création de la boutique en ligne Soho Home n’y est sûrement pas étrangère- ce chic anglais et sens du détail qui frôlent l’hystérie quand on pense qu’aucune chambre ou aucun mètre carré de ces espaces, pour la plupart interdits à toute photographie selon les règles du club, ne ressemble à l’autre. L’esprit vintage et la passion de la chine s’accommodent à merveille avec cette idée de confort qui prime sur toutes les autres. Les lits se veulent ainsi insensés, multipliant les oreillers, le nombre de fils de coton blanc et craquant à souhait au m2, les fauteuils et canapés tendus de cuir fauve ou de velours framboise ne sont pas là pour faire de la figuration et recevoir de vrais hôtes, tout comme les tables de salle à manger, coiffeuses ou bureaux qui égayent la vie de ses chambres-appartements que l’on croirait empruntés à nos grands-parents et pourtant étrangement modernes et taillés pour la vie d’aujourd’hui derrière leurs radios Marshall Bluetooth, le wifi ultra véloce, le mini bar génialement achalandé avec citrons frais et glaçons à toute heure tout comme les compartiments-tiroirs réfrigérés habilement dissimulés dans les dressings, sans parler des cookies fait maison parfaits à l’heure du thé ou du café ici offerts dans toutes les chambres. Un minimum dont on aimerait voir tout le monde s’inspirer à l’instar de ces immanquables et innombrables flacons pompes, xxl comme les peignoirs à se damner, de produits Cowshed, la marque cosmétique développée par le groupe, mis à disposition dans ces salles de bains dingues de bien être sous leur fausse vétusté apparente. Il faudrait encore ajouter à ce parfait tableau, pour un peu plus d’exhaustivité, la liste des fameuses amenities à laquelle il ne manque, pour le coup, rien de rien, du kit de rasage au dentifrice Marvis en passant par le peigne, les bouchons d’oreilles ou les condoms, chaque membre du club étant censé se déplacer sans bagage ou avec le strict minimum comme s’il naviguait d’une de ses propriétés à l’autre. Une évidence ! Tout comme ce service offert aux membres du club de sport, entre parenthèses lui-aussi absolument génial de modernité sous ses voutes de pierre, ses carrelages vernissés et rafraîchissoirs à l’ancienne, de prendre soin de leurs affaires à l’issue de leur séance dans la batterie de machines à laver installée à l’orée de leurs casiers. Des casiers que l’on retrouve aux avant-postes de la piscine intérieure au look très Riviera avec ses matelas à fleurs et ses banquettes de céramique comme aux postes arrières du bassin installé sur le rooftop face au port et à Barcelone sur près de 360°, dans l’esprit de ceux de Londres, Chicago, New York, Miami ou Istanbul avec pour différence notable, sur ces fameux matelas rayés qui en garnissent le tour, une couleur orangée assortie aux tauds à pompons ménageant de l’ombre aux heures les plus chaudes de cette terrasse joyeusement bondée de tout ce qui compte en ville et de par le monde.

« Qu’on se le dise, Barcelone a trouvé son « Alma gemela » comme on dit là-bas. »

Qu’on se le dise, Barcelone a trouvé son « Alma gemela » comme on dit là-bas et nous avec. Je n’ai, pour ma part, qu’une hâte, celle de décrocher à nouveau du casier de bois à l'ancienne la clé de ma chambre, cette vraie clé avec des franges de cuir vert qui rappellent celles des palmiers voisins et vous font vous sentir chez soi, comme à la maison…

Mots : Patrick Locqueneux

Images : Patrick Locqueneux | Olivier Chevalier

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À partir de 260€/nuit

 
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